
Se souvenir, c’est faire ressurgir de notre mémoire la sidération, la douleur qui nous ont envahis en ce 7 janvier 2015, jour de l’assassinat de la Rédaction de Charlie.
Se souvenir, c’est rappeler que, de toutes parts, nous étaient parvenues les alertes, les mises en garde.
Se souvenir, c’est dire à quel point notre aveuglement nous a fait croire que notre réaction, toute émotionnelle, suffirait à enrayer ce mouvement infernal, et que l’incantatoire Plus jamais ça retiendrait la main des assassins.
Se souvenir, c’est reconnaître que le cri des frères K. inaugurait une série de meurtres pour blasphème.
Se souvenir, c’est constater que la République a mis du temps à réagir, préférant, au nom d’un inutile Pas d’de amalgame, défendre ceux qui n’avaient pas besoin de l’être, oubliant ainsi les victimes de ce sinistre 7 janvier et ouvrant la voie à de futurs massacres.
Ce n’est pas de commémorations dont nous avons besoin, mais de rappels incessants à la Résistance.
Renoncer à sa liberté d’expression, se taire pour ne pas froisser des sensibilités factices, c’est ensevelir la mémoire de Charlie, de Samuel, c’est les faire entrer dans l’oubli et l’indifférence.
Honorer leur mémoire c’est faire, comme eux, un usage immodéré de notre liberté d’expression.

Gilbert Abergel
Président du Comité Laïcité République,
Le 7 janvier 2023.