Gilbert Chikli s’est converti à l’islam depuis sa cellule de prison
A l’occasion de la diffusion sur Netflix du documentaire « Le masque » retraçant le rocambolesque parcours de Gilbert Chikli, l’un des escrocs les plus connus de France, i24News s’est entretenu avec Shirly Chikli, l’ex-femme de ce dernier.
Cette Israélienne de 38 ans a été mariée à Gilbert Chikli durant 18 ans. Ensemble, ils ont eu quatre filles. « Il ne fallait jamais poser de questions à Gilbert. Mais tout le monde savait ce qu’il faisait », raconte-t-elle.
Né en 1965 dans le quartier populaire de Belleville à Paris, Gilbert Chikli émigre en Israël en 1991 où il passe le plus clair de son temps à monter des arnaques toutes plus ingénieuses les unes que les autres. A partir de 2005, il obtient le versement de sommes importantes d’argent de la part d’employés naïfs de grandes entreprises françaises, en se faisant passer pour le patron de celles-ci. Selon ses dires, l’argent devait servir à aider une juste cause comme la lutte contre le financement du terrorisme international, ou la libération d’otages français. C’est ce que l’on a appelé « l’arnaque au président ». « Excusez-moi de dire ça, mais ces gens sont des idiots. Ce genre d’arnaque ne serait par exemple pas possible en Israël. Ici si tu appelles la banque et que tu lui demandes de faire ce genre de virements, elle te raccroche au nez », note Shirly Chikli dans un demi-sourire.
A l’aide d’un simple téléphone et d’une bonne dose de bagout, l’escroc dérobe plusieurs millions d’euros, aidé de complices postés dans ses bureaux de Tel-Aviv. A ses heures, Gilbert Chikli est également un véritable Robin des bois des temps modernes, distribuant l’argent mal gagné à des hôpitaux et des associations. « Il faisait tellement de bien autour de lui », relate son ex-femme, qui a longtemps été sa plus grande fan. Le bandit se filme notamment à l’hôpital Tel Hashomer près de Tel-Aviv, où il fait des distributions de cadeaux. « C’était impossible de ne pas l’aimer. Il était gentil, avait un cœur en or et c’était aussi un bel homme », dit Shirly en souriant. « Bien sûr, je vivais avec quelqu’un qui faisait des arnaques. Mais au final, j’y trouvais mon compte. »
La jeune femme a rencontré Gilbert Chikli à Ashdod alors qu’elle n’avait que 18 ans. Celui-ci, de 19 ans son aîné, était alors marié et père de deux enfants. « Peu de temps après que je l’ai rencontré, il a été arrêté. Sa femme a appris mon existence lorsque je suis allée témoigner à son procès », dit Shirly. Gilbert Chikli a effectivement été arrêté en 2006. Après 18 mois de détention préventive, il a été extradé vers la France par les autorités israéliennes. Shirli, qui venait d’accoucher, est alors partie vivre en France pour être auprès de lui. « Pendant 15 ans, j’ai été comme son garde du corps. J’ai tout fait pour lui », assure-t-elle. En 2009, Gilbert Chikli est libéré sous caution, en attente de son procès. Le couple en a alors profité pour retourner en Israël. « La justice lui avait rendu son passeport, mais il était censé aller signer tous les mois pour prouver qu’il se trouvait toujours France. Seulement comme son fils issu de son premier mariage fêtait sa bar mitzva en Israël, il était déterminé coûte que coûte à y retourner », poursuit-elle.
Le procès de l’escroc franco-israélien a donc lieu en 2015 en son absence, au moment où un film inspiré de sa vie sort au cinéma. Il est finalement condamné à sept ans de prison par contumace et à un million d’euros d’amende, pour avoir arnaqué des entreprises telles que Alstom, HSBC ou encore la Banque postale.
A partir de 2012, Gilbert Chikli fait d’autres victimes, en se faisant passer cette fois-ci pour l’ancien ministre de la Défense français, Jean-Yves Le Drian. C’est sur cette période que revient le documentaire diffusé sur Netflix et produit en grande partie en Israël. Oren Rosenfeld, le producteur israélien du « Masque », raconte qu’il pensait au départ que Gilbert Chikli était un escroc parmi d’autres. « Mais quand je suis allé à Ashdod, je me suis rendu compte qu’il s’agissait d’un véritable personnage qui suscitait encore beaucoup d’admiration », relate-t-il. « Il s’agit d’un génie, quelqu’un qui a grandi dans la rue et qui sait convaincre les gens de faire ce qu’il veut. »
En 2017, Gilbert Chikli, sentant l’étau se resserrer alors qu’il fait l’objet d’un mandat d’arrêt international, prend la fuite en Ukraine où il se fait rapidement appréhender avec son principal complice, puis emprisonner avant d’être remis à la justice française. « Je crois qu’il était tout le temps en recherche d’adrénaline. C’est ça la vie d’escroc, une personne qui s’en fout de tout et qui ne pense qu’à l’argent », souligne son ex-femme.
En 2020, Gilbert Chikli est condamné à 11 ans de prison et 50 millions d’euros de dommages et intérêts. C’est lorsque sa femme se rend à son procès, qu’elle réalise qu’il a une maîtresse. « Le jour où j’ai su ça, ça a été terminé », dit Shirli, soulignant qu’elle ne regrette pas d’avoir divorcé. « Aujourd’hui je suis autonome, je travaille et je sais comment gagner de l’argent. Grâce à Dieu, je suis encore jeune et j’ai encore beaucoup à vivre. » De son côté, Gilbert Chikli s’est converti à l’islam depuis sa cellule de prison. « Ça m’a fait de la peine quand j’ai appris pour sa conversion, mais j’imagine qu’il avait ses propres raisons. Il ne fait jamais rien pour rien », dit celle qui s’est battue pendant trois ans pour que son mari lui donne enfin son guett (acte de divorce religieux). Shirly Chikli, qui a décidé de conserver son nom d’épouse, s’épanouit désormais dans une carrière de DJ.
Source : https://www.i24news.tv/fr
Un escroc qui se convertit à l’islam, c’est quelqu’un qui a de la suite dans les idées…
Je dirais plutôt qu’il remet les choses en ordre.