France-Argentine en finale de la coupe du Monde. A la fin, c’est le Qatar qui gagne.
Sur le podium, devant des milliards de téléspectateurs, l’émir du Qatar s’approche de Lionel Messi, sacré meilleur joueur de la compétition, et machine de guerre de l’équipe argentine qui vient de terrasser la France au terme d’un combat épique. Voilà Messi recouvert d’une cape traditionnelle du Qatar, un manteau de voile transparent. Le geste est puissant dans sa symbolique: le champion du monde de football est littéralement enveloppé, recouvert du manteau de gloire posé par le Qatar devant la planète réunie autour d’un écran au même instant.
Il est nécessaire de pratiquer ce « dezoom », selon le jargon des professionnels de l’image, afin de prendre conscience de la portée de ce narratif réalisé en direct. Le manteau de Messi, telle une houppelande magique, transcende l’instant : c’est la « qatarisation » de la remise de la coupe. Tout sourire, l’émir Al Thani, le chef de l’émirat gazier – propriétaire du PSG, et donc patron de Messi – a accompli le dernier geste qui signe une victoire, obtenue dès l’ouverture du Mondial: le Qatar est bien le champion du monde de l’influence.
À ses côtés, Emmanuel Macron, le président-consolant, tactile et habile, en fait des tonnes dans le réconfort des valeureux Français. La cérémonie de remise des récompenses a constitué la troisième mi-temps politique d’un match inoubliable, point d’orgue du Mondial le plus politique depuis longtemps.
La finale au Qatar, dernier tableau d’une compétition sportive qui bannit en principe la triche et la corruption
Emmanuel Macron, président français, représente également, à ce moment, cette Union européenne en pleine tourmente, plongée dans les scandales de corruption liés au Qatar. Le voilà à Doha, obligé de se tenir aux côtés du numéro un qatari, pour le dernier tableau d’une compétition sportive qui bannit en principe la triche et la corruption. Pas facile tous les jours, le métier de président disruptif. Les deux hommes ont-ils évoqué ce dossier épineux en tête à tête ? Nul doute. Mais devant les caméras, the show must go on.
À l’heure où l’on démonte les stades et dévisse les crampons, disons-le encore une fois : on parlera très longtemps de cette Coupe du monde 2022, la première à être organisée par un pays conquérant du monde arabe dans le XXIe siècle. Durant un mois, ce petit pays a dévoilé son aspect Janus: capable à la fois de la plus grande technicité technologique et numérique, et soupçonné d’être adepte de méthodes antiques – en l’occurrence l’utilisation de valises de billets pour influencer des élus occidentaux. Par ailleurs, une enquête du Parquet national financier français est ouverte sur les conditions d’attribution de l’organisation la Coupe du monde au Qatar. Encore une fois, des soupçons de corruption planent, avec au centre de l’affaire un déjeuner décisif autour de la table de Nicolas Sarkozy, alors président de la République.
Il y aura donc une troisième mi-temps judiciaire pour le Mondial 2022, et il y a fort à parier que celle-ci connaîtra des prolongations. Mais cette période ne concerne pas Emmanuel Macron. Les faits se sont produits avant son élection, et trouveront sûrement leur épilogue judiciaire après son départ du pouvoir. Dans ces conditions, le président français a pu sans état d’âme profiter de cet événement dont il a désigné les agenceurs : les dirigeants en poste en 2010.
On connaissait Jupiter, Hercule et Vulcain: voici le Macron Ponce Pilate, il s’en lave les mains. D’autant que son agenda en grands évènements sportifs est très rempli. Outre les JO, la feuille de route présidentielle est lourde : se passionner soudainement pour le rugby puisque la France organise la Coupe du monde en septembre 2023, soutenir les Bleus pour le prochain Euro de football et pour la prochaine Coupe du monde en… 2026, un an avant la fin du mandat.
Dans les rues et les tribunes de Doha, le Qatar a réussi à placer un « moment palestinien »
Dans les rues et les tribunes de Doha, le Qatar a réussi à placer un « moment palestinien », porté par les supporters marocains, entre autres. Ceci afin de rappeler aux fervents supporters des accords d’Abraham, les Emirats et Israël, qu’il existe bien « une rue arabe », n’en déplaise aux dirigeants de ces pays.
Il faut souligner un fait dans cette séquence : la discrétion de Benjamin Netanyahou, revenu au pouvoir en Israël et en train de former un gouvernement avec les extrêmes nationalistes. La raison est simple : lors d’un précédent mandat, le chef du Likoud a donné son accord et a fortement encouragé le Qatar à verser de l’argent pour payer les salaires des fonctionnaires palestiniens. Ce qui signifie qu’il existe officieusement des canaux de discussions entre Israël et le Qatar. N’en déplaise aux chœur des bellicistes de salon, en Israël et ailleurs, la politique – la vraie – c’est toujours un peu plus compliqué que les propos de tribunes destinés à satisfaire les abonnés.
L’impact de cette opération du Qatar autour de la question palestinienne est paradoxal : l’attitude des Marocains enseigne que le soutien à la cause palestinienne est décorrélée d’un déni de légitimité d’Israël. En clair, on peut soutenir la cause palestinienne et entretenir des relations officielles avec l’Etat d’Israël. La preuve par le Maroc.
Pour confirmer cet état de fait, le premier événement politique – coïncidence ? – au lendemain du Mondial au Qatar est certainement cette importante information relayée par une revue catholique très introduite auprès du pape François: le Vatican abandonne l’idée d’une solution à deux Etats dans le conflit israélo-palestinien, et reconnaît de fait la souveraineté israélienne sur les territoires contrôlés par le gouvernement israélien. L’idée circulait depuis le début de l’année 2022 dans les couloirs de la diplomatie vaticane, elle s’apprête à devenir officielle. Le Vatican prône une évolution dans le vocabulaire en évoquant désormais la nécessité d’une égalité dans les droits entre Israéliens et Palestiniens, et non plus une revendication territoriale. Cette approche modifie l’ambition politique du Vatican dans ce dossier. Avec cette inflexion majeure qui contribuera à changer les mentalités, le Vatican donne, à sa manière, le coup d’envoi d’une ère géopolitique post-Coupe du monde au Qatar.
Source : i24news
On peut aimer le foot,mais la coupe du monde c est comme miss France,c est le Nepal des cretins.