Soulèvement en Iran
Un 95e jour de soulèvement jalonné de grèves du bazar, d’incendies de centres répressifs et de manifestations nocturnes
Le samedi 17 décembre, 93e jour du soulèvement, les travailleurs de l’industrie pétrolière se sont mis en grève à Ahwaz, Assalouyeh, Tang Bijar, Ilam, l’île de Khark, Gatchsaran et Mahshahr. A Ahwaz, les employés de l’industrie pétrolière se sont rassemblés devant la Société nationale des régions pétrolières du Sud. Les employés officiels des zones opérationnelles de l’industrie pétrolière ont manifesté à Assalouyeh. A Gatchsaran, les travailleurs de l’industrie pétrolière se sont rassemblés avec le slogan « les promesses ça suffit, notre table est vide ». Sur l’île de Khark, les pompiers ont manifesté avec les travailleurs de l’industrie pétrolière.
Lundi 19 décembre, au 95e jour du soulèvement, l’avenue Enghelab de Téhéran a été le théâtre d’une manifestation de jeunes. Malgré la présence importante des forces répressives et d’agents en civil, les manifestants scandaient « pauvreté, corruption et vie chère, nous allons les renverser » et « pour chaque personne tuée, un millier d’autres se lèvent ».
Mme Maryam Radjavi ,la dirigeante de la resistance iranienne, a salué les honorables travailleurs du pétrole qui se sont mis en grève dans le cadre du soulèvement national. Elle a déclaré que la seule façon d’obtenir les droits des travailleurs et des ouvriers est de renverser la dictature religieuse, qui n’a apporté qu’oppression, discrimination, pillage et corruption.
Les commerçants du bazar et d’ailleurs se sont mis en grève dans les villes de Kerman, Racht, Sanandaj, Ilam, Saqqez, Baneh, Kamiyaran et Ravansar. Ils font grève malgré la sévère répression qui les atteint et les pressions exercées ceux qui participé aux grèves précédentes. Un certain nombre de ceux-là ont été arrêtés, de multiples magasins ont été mis sous scellés ou leurs cartes bancaires ont été bloquées.
À Téhéran, les internes de l’hôpital Rassoul Akram et les étudiants en médecine, ainsi qu’à Qeshm, les employés officiels du terminal pétrolier, ont organisé une grève et un rassemblement de protestation. Des artistes se sont rassemblés pour protester devant la prison d’Evine pour la deuxième journée.
Dimanche soir, les slogans « à bas Khamenei », « à bas le dictateur » et « à bas les pasdarans » ont résonné dans la capitale notamment dans les quartiers de Shahine-Jenoubi, Darband, Sattar Khan et le métro Darvazeh-Dolat. A Javanroud, les étudiants ont manifesté avec les slogans « à bas Khamenei » et « à bas le dictateur ». À Kermanchah, les gens ont scandé « à bas Khamenei » dans les rues et les bazars. Les forces répressives ont agressé les manifestants qui lançaient des slogans. La nuit dernière, Machad et Kermanchah ont été témoins de manifestations et de slogans contre le régime.
De jeunes insurgés ont attaqué une base de la milice du Bassidj à Golpayegan et à Saqqez et Takab, les domiciles de deux agents du régime dans ces ont été incendiés avec des cocktails Molotov. L’agence de presse officielle IRNA a annoncé lundi matin que quatre pasdarans avaient été tués lors d’un affrontement avec des jeunes à Saravan.
Les funérailles du martyr Mohammad Hadji-Rassoulpour ont eu lieu dans le village Eli-Kand près de Boukan en présence d’une large foule qui scandait « un martyr ne meurt pas ». À Mahabad, une vaste foule a participé à la cérémonie de 40ejour de deuil du martyr Fayeq Mam Qaderi. Les gens ont entonné l’hymne « Ô martyr ».
Aujourd’hui, à la réunion du Conseil suprême judiciaire, le mollah Mohseni-Ejeï, le chef du judiciaire, a appelé à « la rapidité dans la mise en œuvre des jugements prononcés, et à la fermeté dans tous les domaines, y compris les dossiers des émeutes, etc. » (Agence Isna, 19 décembre 2022)
© Hamid Enayat
Hamid Enayat est un analyste iranien basé en Europe. Militant des droits de l’homme et opposant au régime de son pays, il écrit sur les questions iraniennes et régionales et en faveur de la laïcité et des libertés fondamentales.
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