J’ai cherché une image pour saluer les jours de Hanouka que nous vivons en ce moment, en union de pensée avec mes amis juifs. J’ai trouvé beaucoup de tableaux représentant la menorah à sept branches mais pas le chandelier de Hanouka qui en a neuf. Alors comme c’est de toute façon la fête de la Lumière et de l’huile sainte qui en a permis le miracle depuis vingt-trois siècles, je me suis souvenu de ma chère Lorraine et du vitrail de la Paix de Chagall à la chapelle des Cordeliers à Sarrebourg. Je me souviens de son inauguration, je devais avoir quinze ou seize ans (difficile de dater). C’est Pierre Mesmer qui l’avait commandé à Chagall. Le vitrail représente l’arbre de vie, aux couleurs éclatantes, avec un couple d’amoureux au centre, en haut. Mais tout autour il y a une foule de détails pris dans la matière bleue du vitrail, comme dans cet autre chef-d’œuvre qu’est le vitrail des sept jours de la Création à Nice. Dans un coin, Chagall a rapproché les tables de la loi, un oiseau, un bœuf et un chandelier à trois branches. Trois seulement, mais après tout c’est tout le vitrail qui célèbre la Lumière et il m’a semblé que cette image de Paix convenait bien, venant d’un « ymagier » qui a représenté pour moi, depuis mes émerveillements d’enfant devant ses vitraux de la cathédrale de Metz, bien plus qu’un peintre : un initiateur au rayonnement mystique de l’âme juive qui n’a cessé de nourrir ma vie spirituelle. J’y pense beaucoup en travaillant ces jours-ci sur Nelly Sachs.
La paix et la lumière sont des aspirations essentielles pour tous les hommes de bonne volonté, et quand la guerre presque à nos portes assombrit l’heure présente c’est encore plus vrai.
Bref: hag sameah !
© Jean-Yves Masson
Jean-Yves Masson est un écrivain, traducteur, éditeur, critique littéraire et professeur français.
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