Jérôme Enez-Vriad. Le devoir impérieux de Hanoukka et de Noël 

Nous sommes aux environs de 175 avant Jésus-Christ. Le royaume séleucide constitue un empire formé de la majeure partie des territoires orientaux conquis par Alexandre le Grand, Israël inclue. Afin d’empêcher les Juifs de pratiquer leur religion, son nouveau roi, Antiochus IV Épiphane, favorise le polythéisme en imposant des divinités païennes au sein même du Temple.

          Neuf ans plus tard, le peuple hébreu brandit l’étendard de la révolte mené par la verve justicière du grand prêtre Mattathias. A sa mort, son fils, Judas Maccabée, mène le combat final et parvient à rétablir la domination juive.  Le premier Temple de Jérusalem est reconquis. Les prêtres se mettent aussitôt en quête des fioles d’huile sacrée afin de rallumer la Ménorah (candélabre à sept branches) éteinte depuis la profanation ; ils n’en retrouvent hélas ! qu’une, pieusement scellée et cachée. C’est ici que le divin influa sur le cours de l’histoire : l’huile n’aurait dû brûler qu’un seul jour et voilà qu’elle maintint la lumière pendant une huitaine ! Miracle connu sous le nom de Hanoukka. Depuis, chaque année entre les mois de novembre et décembre, les Juifs allument des bougies pendant huit jours en mémoire du Miracle des lumières. Une bougie le premier jour, deux le second, etc.

          Hanoukka (« Inauguration » en hébreu) et Noël sont des fêtes majeures pour les Juifs et les Chrétiens. Elles célèbrent la lumière. Les Juifs allument la hanoukia (candélabre à neuf branches) chaque soir durant une huitaine ; quant aux Chrétiens, après les quatre semaines de l’Avent au cours desquelles sont également allumées cierges et bougies, ils accrochent des lampes qui illuminent leur sapins pendant une semaine. Pour les Juifs, il s’agit de se référer au rallumage de la Ménorah du Temple après que celui-ci eut été reconquis ; pour les Chrétiens, la naissance lumineuse du Christ est au cœur de la célébration. 

          Nous devons reconnaître qu’il existe différents chemins de vérité hors des traditions de chacun. Penser la fête de l’autre – éventuellement y participer – est une merveilleuse occasion d’échanges qui permet de se découvrir soi-même par le biais d’une altérité. Vivre Hanoukka en tant que Chrétien et Noël en tant que Juif, c’est imaginer l’incarnation d’une histoire commune en deux épisodes : d’un côté, l’Incarné par le symbole d’une lumière ; de l’autre, l’Incarné par l’image d’un Dieu-enfant. Ces deux options ouvrent le dialogue autour du positionnement de Dieu à travers les prophètes juifs, mais aussi à travers Jésus, fils unique de Dieu pour les Chrétiens. En ce sens, Hanoukka et Noël sont deux fêtes complémentaires, une évidence, un devoir impérieux afin de reconnaître l’autre dans toute sa richesse et toutes ses dissemblances. C’est en se rapprochant face à leurs ennemis communs que Juifs et Chrétiens participeront ensemble à grandir l’image d’une Israël éternelle.

© Jérôme Enez-Vriad

© – Tribune Juive & J.E.-V.

Jérôme Enez-Vriad. Photo Matthieu Camile Colin

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3 Comments

  1. Oui, bravo , Merci! Chaque jour , la prière des Psaumes m’accompagne qui ne cessent de célébrer la tendresse de Dieu pour ses enfants. Joyeuse Hanoukka et Joyeux Noêl!

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