
File d’attente d’un grand magasin en IDF. Juste devant moi, une femme d’une quarantaine d’années avec deux enfants, une fille d’une douzaine d’années et un garçon d’environ 7 ou 8 ans. Il veut un ballon de foot. Sa mère refuse en accompagnant son refus de ces mots : « Je ne suis pas Rothschild ».
Je la regarde et je lui demande : » Pourquoi Rothschild, Madame ? »
Elle est gênée : « Ça m’est venu comme ça… »
Moi : « Vous auriez pu dire Pinault, ou Arnaud, non ? »
Elle : » Je sais pas qui c’est ! » (SIC)
Moi : « Bernard Arnault est la première fortune de France, la deuxième du monde ».
Elle ne répond rien, j’enfonce le clou : « Parler de Rothschild, c’est stigmatisant… »
D’autres personnes écoutent, y compris des femmes voilées, personne ne bronche. Tous ont compris le message, et d’abord cette femme bien sûr : le look de la gaucho attardée, avec son sac à dos Ketchua.
Voilà, aujourd’hui c’était la fois de trop de la banalisation de l’antisémitisme.
J’ai repensé à « Yehoudi ! Hakhchak », formule tellement entrée dans le langage populaire arabe qu’elle ne refléterait plus le rejet du Juif en terre d’islam selon une sociologue franco-algérienne.
Je ne veux plus me taire quand j’entends l’équivalent dans mon pays.
Ne plus rien laisser passer.
© Dina Kaplan