20H50: L’Armée rouge, de Michaël Prazan
20H50 La grande guerre patriotique (1/2)
Documentaire. Histoire. 55min. 2021
Synopsis
Tissée de répressions et de désastres militaires, mais aussi de victoires décisives, l’histoire de l’Armée rouge épouse celle de l’URSS. Michaël Prazan en restitue les grandes étapes dans cette fresque dense pour déconstruire un mythe insubmersible.
Créée par Trotski en 1918, dans un contexte de guerre totale contre une partie de la population russe et des puissances étrangères, l’Armée rouge doit rapidement abandonner ses idéaux égalitaires et démocratiques. Le rationnement provoque dans les campagnes des mouvements de révolte contre le jeune État communiste. En 1920, pour mater la rébellion de Tambov, l’ancien officier tsariste Mikhaïl Toukhatchevski, mandaté par Lénine, largue des gaz toxiques sur les villageois. Deux ans plus tard, l’Armée rouge sort renforcée de sa victoire contre les « blancs », qui met un terme à la guerre civile. Sa puissance inquiète Staline qui, au début des années 1930, s’arroge progressivement les pleins pouvoirs. Il fait exécuter Toukhatchevski et purge son état-major lors de la « Grande Terreur » (1937-1938). Lorsque l’Allemagne envahit l’URSS en juin 1941, l’Armée rouge, privée de commandement, est exsangue. Mais les grandes batailles, de Moscou à Stalingrad, et une habile propagande vont enflammer le patriotisme de tout un peuple.
Statufiée
Composé par Alexandre Aleksandrov, le fondateur des Chœurs de l’Armée rouge, l’hymne de l’Union soviétique adopté par Staline en 1944 continue sous Poutine de galvaniser les Russes. Mais l’Armée rouge, statufiée pour avoir vaincu le nazisme, n’a jamais retrouvé sa puissance d’alors. Balayant près d’un siècle d’une histoire émaillée de défaites militaires, d’exécutions sommaires, de purges et de maltraitance des troupes, Michaël Prazan (La passeuse des Aubrais, 1942) déconstruit dans un récit épique, nourri d’extraits de lettres et de journaux intimes de hauts gradés et d’anonymes, le mythe savamment entretenu d’une armée auréolée de gloire.
Créée par Trotski en 1918, dans un contexte de guerre totale contre une partie de la population russe et des puissances étrangères, l’Armée rouge doit rapidement abandonner ses idéaux égalitaires et démocratiques. En 1920, pour mater la rébellion de Tambov, l’ancien officier tsariste Mikhaïl Toukhatchevski, mandaté par Lénine, largue des gaz toxiques sur les villageois. Deux ans plus tard, l’Armée rouge sort renforcée de sa victoire contre les « blancs », qui met un terme à la guerre civile. Sa puissance inquiète Staline qui, au début des années 1930, purge son état-major. Lorsque l’Allemagne envahit l’URSS en juin 1941, l’Armée rouge, privée de commandement, est exsangue. Mais les grandes batailles, de Moscou à Stalingrad, et une habile propagande vont enflammer le patriotisme de tout un peuple.
Réalisateur: Michaël Prazan
Auteur: Michaël Prazan
Documentariste, enseignant, journaliste, écrivain, Michaël Prazan explore en particulier l’histoire de la Seconde Guerre mondiale et de la Shoah. Son œuvre documentaire met régulièrement en avant les zones d’ombres et d’ambiguïté de même que la façon de composer avec la mémoire et la responsabilité des atrocités du passé. Plusieurs de ses films ont été diffusés au Festival du film d’histoire, tels que « Einsatzgruppen, les commandos de la mort », « Benjamin Ferencz. Le Combattant de la paix », ou plus récemment « La Passeuse des Aubrais » qui a obtenu en 2016 le prix du Jury professionnel et le prix des jeunes journalistes.
22h55: Le procès: Prague 1952, de Ruth Zylberman
Documentaire. Histoire. 1h10min. 2021
Le procès – Prague 1952
Au travers d’archives récemment exhumées et de poignants témoignages, une reconstitution abyssale du procès de Prague en 1952, à l’origine du livre « L’aveu » d’Artur London, adapté à l’écran par Costa-Gavras. Un film remarquable de Ruth Zylberman (« Les enfants du 209 rue Saint-Maur – Paris Xe »).
À Prague en 2018, des ouvriers découvrent, dans un entrepôt abandonné, des bobines de film qui y avaient été dissimulées depuis la chute du mur de Berlin : les images glaçantes d’effroi du procès Slansky, tournées à l’époque à des fins de propagande. En 1952, en pleine guerre froide et au sommet d’une terreur stalinienne imprégnée d’antisémitisme, quatorze hauts dirigeants du régime communiste, juifs pour la plupart, déclarés « traîtres trotskistes-titistes-sionistes », sont accusés de conspiration contre l’État. Parmi eux, Rudolf Slansky, ex-secrétaire général du Parti et ami du président Klement Gottwald, qui précipitera sa chute ; Artur London, ancien brigadiste international et membre de la Résistance française rescapé des camps ; et le brillant économiste Rudolf Margolius. Par la torture et les menaces, lors d’un macabre simulacre de justice méthodiquement mis en scène, ces hommes sont contraints à faire l’aveu public de leur culpabilité, récitant par cœur des crimes imaginaires et appelant à une sentence. À quoi pensent-ils lors de cette descente aux enfers qu’ils cautionnent officiellement ? Onze d’entre eux seront condamnés à mort et pendus.
Mensonge devenu loi
À partir de ces archives exceptionnelles récemment restaurées et d’une plongée dans celles de l’omniprésente police secrète, mais aussi au travers de leur correspondance, Ruth Zylberman retrace la trajectoire complexe de ces trois hommes, et recueille le témoignage poignant de leurs familles brisées. À l’heure de la dictature du prolétariat dans des démocraties populaires satellites du grand frère soviétique, ces communistes, aveuglés par leur dévotion à un Parti « qui ne se trompe jamais », ont été détruits par le monstre qu’ils ont contribué à créer. Dans un monde ravagé par l’indistinction délétère entre vérité et mensonge, celui-ci, devenu loi, parvient à subvertir, au-delà même du champ politique, les liens élémentaires de la société humaine. En reconstituant, avec une rigoureuse précision, ce procès, trame du livre L’aveu d’Artur London adapté à l’écran par Costa-Gavras, Ruth Zylberman met au jour les mécanismes d’une dérive abyssale aux échos contemporains.
Réalisation : Ruth Zylberman
Pays : France. Russie
Année : 2021
« En politique internationale, les coups d’épingle répétés finissent par engendrer les coups de canon. »
Gustave Lebon
Bon résumé des causes de la guerre en Ukraine