Tribune Juive

Pierre-Antoine Ferrières. La Croix d’honneur

« Madame Bovary ». Adapté par Claude Chabrol. 1991. M. Homais, joué par Jean Yanne

Le 22 novembre dernier, une cérémonie émouvante s’est tenue au Mémorial de la Shoah. Son directeur, Monsieur Jacques Fredj, se voyait remettre la Légion d’honneur. Cette distinction, méritée, viendra, nous l’espérons, laver la marée de calomnies qui depuis des années tente de salir cet impeccable parcours de probité. 

D’aucuns, en effet, avaient mis en avant les « démissions en chaîne », la « rotation élevée du personnel » (sic), et les « nombreuses affaires » (re-sic)  jugées aux prud’hommes. Fin 2019, beaucoup avaient accordé crédit à la longue enquête assassine d’un journaliste de Médiapart dont les propos (qu’il avait recueillis) faisaient état d’une sombre atmosphère. Ces critiques ( auxquelles il accordait foi) allaient jusqu’à évoquer un comportement marqué par la brutalité (sic), voire la goujaterie. 

Plus calomniateurs, d’autres mettaient en avant l’absence de dialogue et de coopération avec d’autres institutions proches de la communauté juive. 

Bref, l’entreprise de dénigrement ne connaissait plus de limite, il était temps qu’on y mît un terme. C’est pourquoi la cérémonie du 22 novembre était la bienvenue, marquée par l’émotion, l’impétrant répétant à plusieurs reprises son « étonnement » d’avoir été choisi et promu à ce poste. En quoi on ne peut que lui donner raison.

Aux dires de ceux qui eurent la chance d’y participer, ce fut une belle cérémonie. Certains, pétris de mémoire littéraire, évoquèrent même la fin du roman de Flaubert, Madame Bovary, lorsque après le suicide d’Emma puis la mort de son mari, Charles ( de chagrin, hélas), les honnêtes gens de Yonville triomphent enfin, au premier rang desquels Monsieur Homais, le pharmacien, un homme de progrès et de foi dans le bonheur de l’humanité.  

« Il vient de recevoir la Croix d’honneur ».  Ce sont les derniers mots du livre.

Jadis Monsieur Homais, aujourd’hui Monsieur Fredj. Que le mérite, la générosité et la hauteur de vue soient récompensés constitue, il faut le reconnaitre, une lueur dans les sombres temps que nous vivons.

© Pierre-Antoine Ferrières

Pierre-Antoine Ferrières est Professeur agrégé d’histoire

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