Edith Fuchs était normalienne et agrégée de philosophie, professeure honoraire de classes de khâgne et maître de conférence à l’Institut d’Études Politiques de Paris. Son travail interroge principalement la philosophie et la Shoah. Sa disparition n’est pas médiatisée.
Dans E. Fuchs, Entre Chiens et Loups. Dérives politiques dans la pensée allemande du XXe s., publié sur Fabula, on apprend aussi qu’elle a publié des articles dans la Revue philosophique de la France et de l’étranger.
La présentation d’Edith Fuchs dans l’ouvrage Destins de « la banalité du mal » accessible en partie sur Google livres ajoute qu’elle a rédigé la série d’entrées « objet-objectivité-objectité » pour le volume des Notions Philosophiques de l’Encyclopédie philosophique des PUF et « Hannah Arednt et la Shoah » pour le Dictionnaire de la Shoah, Larousse… »
Elle décède en novembre 2022 et Catherine Kintzler, agrégée de philosophie, docteur d’État en philosophie et professeure émérite à l’université Lille III, lui a rendu sur Mezetulle, sa revue culturelle et intellectuelle numérique où E. Fuchs avait publié quelques articles, un hommage que TJ a relayé.
Edith Fuchs a écrit également pour La Quinzaine Littéraire où en 2016 elle présenta le livre d’Emmanuel Faye, Arendt et Heidegger : extermination nazie et destruction de la pensée.
Sa recension intitulée Arendt et Heidegger démythifiés est introduite ainsi :
« L’ouvrage d’Emmanuel Faye heurte frontalement l’adulation dont Arendt fait l’objet, de façon bien plus médiatique que Heidegger ; pourtant, l’auteur n’a pas fait œuvre de polémiste mais œuvre solide, œuvre de connaissance et de réflexion, dans laquelle chacune des références, chaque citation, chacun des auteurs convoqués, compte. Dans son entreprise de démythification de l’œuvre d’Arendt, Emmanuel Faye a à cœur d’exhiber les titres de légitimité de chacun des mots qu’il écrit ».
Son travail interrogea principalement la philosophie et la Shoah à l’instar de la 4e de couverture du n° 207 de la Revue d’histoire de la Shoah où sont posées ces questions :
« Quels usages ces penseurs font-ils de la tradition philosophique pour penser les horreurs commises entre 1933 et 1945 ? Ces réactions éventuelles sont-elles de nature à éclairer la Shoah ? Ou plutôt à obscurcir encore ce comble de l’antisémitisme assassin ? Les travaux des historiens qui ont peu à peu mis en lumière la spécificité du génocide des Juifs et du crime contre l’Humanité ont-ils sollicité et instruit les philosophes ? Quelle est la légitimité du piédestal sur lequel on a hissé certaines célébrités philosophiques contemporaines ?
Il apparaît que la « Shoah des philosophes » ne ressemble ni à celle des historiens, ni à celle des écrivains tels Primo Levi, Imre Kertesz ou Leib Rochman. Si les premiers cherchent à édifier une connaissance objective et critique et les seconds une élaboration sensible, l’attitude de la plupart des philosophes frappe par sa froideur, comme si l’intelligence conceptualisante devait se fermer à toute empathie ».
Des philosophes face à la Shoah [Revue] / dossier préparé par Edith Fuchs, Robert Lévy et Georges Bensoussan, 2017
Edith Fuchs présente elle-même ce numéro sur Cairn
Dans une vidéo où, « s’appuyant sur la relation entre Heidegger et Hannah Arendt, Emmanuel Faye et Edith Fuchs [mettent] en lumière comment sous couvert d’une pensée philosophique, un des maîtres de la philosophie du XXèmesiècle dont l’influence a été considérable, a fait l’éloge de l’antisémitisme. » Durant cet entretien, L’ apologie de l’antisémitisme sous couvert d’une pensée critique, présenté par la Cicad ou Coordination intercommunautaire contre l’antisémitisme et la diffamation lors du salon du livre de Genève en 2017, E. Fuchs exprime l’ambivalence de Arendt à l’égard de sa propre judaïté et selon E. Faye, Heidegger et Arendt partagent un même point de vue : « Après-guerre, intellectuellement, leur vision de la modernité et du nazisme convergent. »
Sa disparition n’est pas médiatisée et nous n’en savons pas la raison.
Articles en ligne
- articles d’Edith Fuchs sur Mezetuelle
- articles publiés par La Quinzaine Litéraire
- Mein Kampf: extraits commentés par Édith Fuchs, philosophie magazine, janvier 2016
- ouvrages et contributions d’Edith Fuchs sur Cairn
Ouvrages
- Ecritures d’Auschwitz [Livre] / Edith Fuchs ; préface d’Emmanuel Faye, 2014
- Des philosophes face à la Shoah [Revue]/ / dossier préparé par Edith Fuchs, Robert Lévy et Georges Bensoussan, 2017
- La « banalité du mal » comme absence de pensée selon Hannah Arendt / Édtih Fuchs dans Destins de « la banalité du mal » / contributions de Michelle-Irène Brudny, Jacquy Chemouni, Corinna Coulmas… [et al.]. Suivi d’un dossier sur « Eichmann à Jérusalem » de Hannah Arendt / Michelle-Irène Brundy, Rogerre Errera, Irving Howe… [et al.] ; ouvrage sous la direction de Michelle-Irène Brudny et Jean-Marie Winkler, 2014
- Hannah Arendt, la révolution et les droits de l’homme / sous la direction de Yannick Bosc et d’Emmanuel Faye, 2019
- L’humanité et ses droits / Edith Fuchs, 2020
- Écritures d’Auschwitz : défiguration et transfiguration de l’histoire / Édith Fuchs ; préface d’Emmanuel Faye, 2014
- Entre chiens et loups : dérives politiques dans la pensée allemande du XXe siècle / Edith Fuchs ; préface de Bernard Bourgeois, 2011
- Le capitalisme est-il la fin de l’histoire : réguler le capitalisme ou en sortir ? / Fuchs Edith,… Houzel Christian,… Lévy Robert… [et al.]
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