Dans certains mouvements de jeunesse, il y a bien longtemps, nous étions tenus, de lire le journal Le Monde, qui n’était pas encore de « Référence », pour le décliner religieusement, à tour de rôle, devant les camarades en réunions.
C’était encore Le Monde de Messieurs Beuve-Méry et Fontaine, où Eric Rouleau offrait ses analyses déjà tendancieuses sur le Proche Orient.
Pour avoir idée des points de vue adverses, il suffisait de parcourir L’Aurore de Lazurick et pour noyer l’info, L’Humanité.
A la radio, Geneviève Tabouis, dans une langue inoubliable, analysait les faits de l’actualité souterraine : « Attendez-vous à savoir, à ce sujet, j’ai appris ! »
A la télévision, les quatre Pierre nous arrimaient aux Cinq colonnes à la Une . Débats ouverts sans concession ni alignement de la pensée.
L’Aurore de Zola a disparu. Le Monde, jouet de quelques idéologues actifs, n’est plus que « journal de référence », mais référence à qui ? à quoi ?
Aujourd’hui la société s’est faite contentieuse, consumériste. L’information n’est rien d’autre qu’un produit de consommation, à vendre.
La communication n’est plus gérée par la déontologie, mais par l’orientation de l’audience. L’Opinion publique fait le produit ! Frapper l’imaginaire collectif, opposer les absolus ; stricte distribution de rôles ; le coupable toujours monstrueux, la victime toujours innocente. Communiquer s’appelle aujourd’hui « faire le buzz » : « Dès qu’il y a un truc qui buzz un peu, on se jette dessus. Un journaliste dit (…) un autre se dit la même chose, un troisième se dit… On subit la pression de nos rédactions, on sait ce qu’ils veulent : Vendre. Pour vendre de l’événement, il faut que les journalistes abdiquent deux choses : la mémoire et la politique. ». Laurent Binet dans Marianne. 2012-10
Dans le cas de la relation des médias au problème du Proche-Orient, les déviances sont décuplées par le spectacle permanent d’un territoire plus petit que la Bretagne où la sécurité et la liberté d’expression sont absolues pour les journalistes.
Pour mieux cerner ce processus, décryptons en quelques exemples la longue route programmée par les médias de la dégradation de l’image d’Israël à sa délégitimation.
France 2 (Al Dur ’ha 30/09/2000) à la télévision, un simple spot de deux minutes, offert gratuitement aux médias de la terre entière, assimile définitivement l’armée d’Israël à une déferlante de spadassins assassins d’enfants. Cela suffit à déclencher horreur et massacres à travers la planète. Faisant de Daniel Pearl la première victime, et de Mohamed Merah le premier vengeur.
Dans Mediapart, pour Stephane Hessel, auteur d’une « colère » (12/10/2010), Pierre-André Taguieff est « […]quelqu’un de très, disons, juif israélien, profondément sioniste ». Affirmation voulant dévaloriser par ces trois adjectifs connotés et méprisants toute analyse de Taguieff qui n’est bien entendu pas israélien et, même, pas juif du tout !
Sur France inter, Daniel Mermet, après avoir des années durant (1990-2014) , quotidiennement étrillé Israel, est enfin allé voir ailleurs, « là-bas, si j’y suis »
Pour France 2 l’émission Un œil (borgne) sur la planète (04/10/2011) se porte sur un État en marche : « L’ONU l’avait prévu à la création de l’Etat d’Israël en 1947, mais le partage n’a pas eu lieu, et chacun porte une responsabilité dans cet échec.[…] Cinq millions de palestiniens attendent de rentrer chez eux en Palestine », faisant fi de l’affirmation du Président Clinton « Donner une âme au XXIe siècle », Le Monde du 15.01.02 : « Il nous faut dire aux musulmans en colère une chose qu’apparemment ils ignorent : en décembre 2000, les Etats-Unis ont proposé un accord qui, dans les termes les plus définitifs, instaurait un Etat palestinien (Cisjordanie et Gaza) et garantissait la protection des intérêts palestiniens et musulmans à Jérusalem et sur le mont du Temple. Israël avait accepté ce plan, mais l’OLP a dit non. »
Pour RMC (08/2013) Jean-Jacques Bourdin déclarait, à une heure de grande écoute, que l’intégration des Ethiopiens s’était faite en Israël en stérilisant leurs femmes. A l’auditeur qui protesta il affirma : « Je regardais sur le site de l’Humanité.fr, effectivement il y a des témoignages ». Silence radio quand les preuves absolues de l’énormité de ce mensonge sont apportées au media.
Dans L’Express de Christophe Barbier (n°3292 6/08/2014 Guerre de Gaza), on lit : « Si la communauté juive de France écoute sa peur, elle ne fera que de mauvais choix » ; ces mêmes juifs post Merah, qualifiés par lui de « nouveaux Baal-Zebub ». Le ridicule ne tue plus dans les circuits informatifs français, dès qu’il s’agit d’Israël ou des Juifs. D’année en année le délire haineux progresse et la parole médiatique se libère.
Pour Télérama (n°3455 du 30/03/2016) les experts des medias parlent « à tort et à travers » (sic). Fréderic Encel est un « agent d’influence déguisé en professeur ». Trois lignes plus loin, Jean Pierre Filiu est quant à lui présenté comme professeur recommandable à Science Po, taisant qu’il est le parolier virulent et engagé du groupe de rappeurs Zebda sur Gaza.
L’AFP, pour ses incontournables dépêches idéologiques, mondialisées et vendues à l’encan, a gagné en reconnaissance de son admirable militantisme pro palestinien un surnom la redéfinissant dans ses obsessions antisionistes.
Le langage des médias s’est idéologisé. Loin de toute analyse des faits, c’est un récit qui sollicite les sentiments passionnels : compassion, humanisme, révolte devant l’injustice déclamée comme telle, au choix du client. Faire pleurer, c’est l’assurance d’adhésion à la cause.
A la radio, de simples citoyens, devenus chroniqueurs sans la moindre formation, ont la parole en continu, pour déverser leur vision du monde sans le moindre discernement. Intelligence, vocabulaire et esprit critique nous ont définitivement quittés. Israël fait le buzz au quotidien dans tous les médias comme dans la rue. Divaguer sur Israël amplifie les audimats, maintient la haine.
Les permanentes déviances de langage une fois signalées sont présentées comme de purs accidents alors que ces déconstructions du réel sont d’authentiques et perverses reconstructions élaborées et idéologisées de la réalité des faits. Elles sont érigées en habiles systèmes manipulatoires :
Falsifications par déviation sémantique : le terroriste est « activiste » voire résistant, les voyous terrorisant la banlieue sont « les jeunes » mais l’enfant israélien est un colon dès l’âge du biberon ; les coups de couteaux sont « schizophrènes », quand ils massacrent du Juif.
Falsification de l’évènement dont la spécificité revient aux médias comme aux instances internationales ONU, Amnesty, Human right et j’en passe.
Publicité, marchés, audimat et mondialisation sont désormais les mamelles des médias à travers le filtre imposé de la bien-pensance islamo-gaucho-racialiste -woke
Pour conclure et mieux comprendre les ruses de l’industrie de la désinformation médiatique, il suffit de suivre ces quelques conseils : pour assurer le succès d’une manipulation médiatique il vaut mieux :
Avancer masqué. Manipuler les faits et les images. Noyer la propagande au milieu d’articles anodins. Cacher ses erreurs. Echapper aux poursuites.
Ces conseils sont d’autant plus « autorisés » qu’ils nous viennent … du journal Le Monde[1] !!!!
A bon entendeur, salut !
© Josiane Sberro
Josiane Sberro a fondé avec Raoul Sberro en 1983 le CCEE ou Centre Communautaire d’Ermont Eaubonne et Environs. Chef d’établissement de l’Éducation Nationale à la retraite, de formation philosophique, Membre actif de France Israël, Auteur à Menora, elle intervient en établissements scolaires sur “judaïsme et laïcité”.
[1] Adrien Sénécat. https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2017/03/16/les-mille-et-une-ruses-de-l-industrie-de-la-desinformation_5095635_4355770.html Enquête sur des méthodes employées par des sites trompeurs pour diffuser de fausses informations sans se faire prendre. Le Monde. 16 mars 2017.
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