Alors que des symboles nazis ont été retrouvés dans plusieurs établissements d’enseignement supérieur, troisuniversitaires dénoncent une banalisation de la violence antisémite et appellent à une mobilisation de tous.
En octobre, des symboles nazis ont été retrouvés dans un établissement d’enseignement supérieur francilien. Relevant de la justice, poursuivis pénalement, de tels faits s’en prennent à la communauté universitaire tout entière, qui y est confrontée de plus en plus : université de Nanterre, université de Grenoble, université de Créteil, HEC, fronton de Sciences Po à Paris…
Cet antisémitisme dans le milieu universitaire s’inscrit dans un contexte plus large : inscriptions dans les rues de France, sur les portesd’appartements, crimes répétés contre des Français visés comme juifs, implacablement assassinés. La violence des mots exposés est autantd’actes de terreur, menaçant l’existence au quotidien et la vie même de concitoyens traqués par la haine raciale.
L’antisémitisme apparaît pour ce qu’il est dans notre pays, sans fin. On l’a vu lors des premières manifestations des « gilets jaunes », fin 2018, dans les défilés contre le passe sanitaire, durant les démonstrations de force contre le mariage pour tous. La radicalité de certaines luttes semble devoir en appeler à l’expression de l’antisémitisme.
Ce phénomène contribue à banaliser la violence antisémite et sa signification historique et philosophique. Et ce, alors que l’extrême droite partà la conquête des esprits et des urnes, partout dans le monde et notamment en France, où le Rassemblement national lorgne désormais laprésidence du groupe de travail sur l’antisémitisme à l’Assemblée nationale.
De Zola à Camus
L’antisémitisme se transformerait-il en une expression publique comme une autre ? La France n’a pas manqué de plumes courageuses poursouligner l’indignité nationale de l’antisémitisme et de ceux qui le professent, d’Emile Zola dans l’affaire Dreyfus à Albert Camus écrivant, enjanvier 1952, que « l’antisémitisme ne peut se prévaloir d’une tradition intellectuelle. Il n’est rien, sur le plan de l’intelligence. (…) Le problème n’est donc pas tant de savoir pourquoi l’antisémitisme se perpétue mais bien plutôt comment cet appétit affreux (cette difformité, comme disait Nietzsche) ne s’est pas trouvé apaisé par les millions de victimes qui lui ont été offertes en présent«
L’auteur de La Peste rappelle une évidence dont on se défend souvent, prétextant qu’elle est trop extrême, qu’elle méconnaît les spécificités de l’antisémitisme contemporain, qu’elle ne distingue pas entre ses formes variées, qu’elle culpabilise à outrance les sociétés. Et, pourtant, l’évidenceest historiquement vraie : l’antisémitisme conduit à l’extermination.
Les démocraties d’après-guerre, en France comme en Allemagne, se sont précisément construites contre ces systèmes totalitaires qui avaient mis en œuvre un programme de destruction humaine menaçant toute l’humanité. Le sort des juifs d’Europe et des Tutsi du Rwanda faitcomprendre jusqu’où mène la persécution organisée contre un groupe minoritaire : l’extermination, à l’issue d’un processus génocidaire.
Réduire la portée historique de la Shoah à ses seules victimes, c’est se condamner à ne rien comprendre des mécanismes de l’extermination, àpermettre donc qu’ils se reproduisent. L’extinction programmée des Ouïgours dans la Chine de Xi Jinping, la menace d’anéantissement de l’Arménie par son voisin azerbaïdjanais en sont les illustrations contemporaines et doivent nous alerter.
Risques pour la France entière
L’antisémitisme sans fin prépare de nouvelles catastrophes humaines. Mais, désormais, nous savons d’où il vient et où il mène. C’est notreforce pour inventer les combats d’aujourd’hui et de demain.
Quand le nazisme est réapparu ouvertement en France avec l’offensive négationniste sur les chambres à gaz, Raymond Aron et François Furet ont décidé, en 1982, de réunir en Sorbonne une grande conférence internationale sur « l’Allemagne nazie et l’holocauste des juifs ».
Aujourd’hui, face à l’offensive antisémite dans des lieux de savoir et de connaissance, les établissements universitaires doivent réagir pourdénoncer et informer. Des universitaires de Paris- Nanterre ont choisi d’agir, le 27 janvier 2023, jour de commémoration de la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau, où périt plus d’un million de juifs d’Europe – dont des juifs livrés par l’Etat français.
Il faut mesurer les risques que représente l’antisémitisme pour la France tout entière. Il s’agit d’une question de vie ou de mort pour les sociétés démocratiques. Au-delà du réflexe éminemment moral de solidarité pour les victimes qui nous commande d’agir, le souci de l’intérêt national pourrait et devrait gouverner les décisions individuelles de combat contre l’antisémitisme, afin qu’il demeure la honte de l’humanité, plutôt que son tombeau.
Anne-Laure Chaumette est professeure de droit public, université Paris-Nanterre ; Vincent Duclert,
chercheur au Centre d’études sociologiques et politiques Raymond-Aron ; Thomas Hochmann,
professeur de droit public, université Paris-Nanterre
Un mot d’Edith Ochs
« Comme le confirme cette tribune dans Le Monde, l’Université française n’est pas épargnée. Personne ne veut le croire, il était bon de s’imaginer que le prooblème ne concernait que les universités américaines parce que, sur le sujet, on avait des témoignages. Des témoignages de plus en plus inquiétants.
Mais aussi longtemps qu’on ne parle pas des choses, elles n’existent pas. Tant qu’elles ne sortent pas dans Le Monde… tout va bien. Pas de vagues.
Et à force de repousser à plus tard, moins on arrive à changer le cours des choses.
Ainsi l’antisémitisme d’extrême-droite ressurgit, et cette tribune alerte surce phénomène au sein même de l’université.
Si on veut un symptôme pour iillustrer cela, on peut signaler cette vidéo que je reçois, une vidéo sur laquelle l’humoriste de France Inter, Charline, révèle qu’une messe a eu lieu à l’église St Roch de la rue St Honoré pour les 70 ans de la mort de Charles Maurras. Maurras digne héritier de Drumont, deux figures majeures de l’antisémitisme à la française. Une quarantaine de jeunes gens, des « trentenaires », étaient présents.
Cependant l’antisémitisme qui tue et pourrit la société aujourd’hui en France, c’est l’antisémitisme islamiste. Or pas un mot n’apparait ici à ce sujet, ce qui amène à douter de l’efficacité de la suite.
Ce réveil de l’antisémitisme à l’extrême-droite vient conforter l’antisémitisme qui fait déjà des ravages chez nous. Il confirme aussi que nous n’avons pas su le circonvenir. En refusant de le nommer, on refuse de le voir, on refuse de s’y attaquer.
On le laisse prospérer.
Et il prospère. Mais les universitaires signataires de cette tribune ont raison : en effet, il y va de l’intérêt national.
Et il y a urgence. »
© Edith Ochs
Ce sont les universités qui propagent le racisme et la haine d’une manière générale et en temps « normal » (entre guillemets puisque rien n’est normal dans notre société) : à Paris et à Grenoble les enseignants de la mouvance indigéniste (ex Éric Fraisse) véhiculent leur discours raciste et révisionniste en toute impunité depuis des décennies et le ministre de l’éducation nationale est également dans le même cas de figure. Dans les pays anglo saxons certaines universités sont totalement aux mains de neonazis du style BLM et PIR. A tel point que les étudiants blancs ou/et juifs reçoivent même des menaces. L’université moderne est par nature raciste et antisémite : dans quel monde vivez vous ?
C’est un peu comme si on disait : « Les Talibans 🦂 doivent dénoncer le sexisme » ou « Les tortionnaire de chats » 🐱doivent dénoncer la maltraitance animale.