« C’était le bon temps »
FOG ouvre son texte de quatrième de couverture par cette phrase et il choisit comme titre « La Belle Époque ».
Il s’agit du second livre de son Histoire de la Ve République dont le premier consacré essentiellement au Général de Gaulle portait comme sous titre « Le sursaut ».
Pompidou, Giscard, Mitterrand et Chirac, l’auteur les a connus, fréquentés, interviewés. Il en a reçu des informations, des explications et des confidences, « off » bien entendu.
C’était il n’y a pas très longtemps, les années 1970. Pompidou fumait des clopes et Giscard, pour faire peuple, jouait de l’accordéon. Ce sont les illustrations choisies pour le bandeau de couverture . C’était pendant une autre époque: « La France était comme un bolide lancé à pleine vitesse : de la fin de 1969 à la fin de 1971, la croissance du PIB s’élevait à 14 %, une croissance stupéfiante, à la Chinoise. »
380 pages et pas une ou l’intérêt faiblit. C’est écrit par un historien, journaliste de grand talent. Il retrace le déroulement des combats politiques qu’il a suivis pour le compte de l’Observateur et d’autres organes de presse : les alliances secrètes, les trahisons prévisibles, les ambitions contrariées. Il puise dans sa mémoire et dans cinquante ans d’archives personnelles.
Tous ceux qui suivaient la politique sur la radio, sur leur quotidien ou leur magazine ou aux journaux télévisés, retrouveront les acteurs dominants de l’époque, décrits subtilement. Ils bénéficieront de quelques scoops : les millions de Raymond Barre cachés dans une banque suisse, les conquêtes d’un soir de Chirac ( quinze minutes, douche comprise), le double foyer conjugal de Mitterrand ( avec Anne Pingeot mère de Mazarine) de Giscard chasseur de fauves en Afrique et séducteur de jeunes femmes.
« La France brillait de mille feux . Capitale mondiale de la culture , elle n’avait pas encore été détrônée par New York ou Londres ».
Giesbert raconte comment le plus beau pays du monde a peu à peu, « ses beautés laissées choir ».
Trotskistes, communistes, extrémistes se sont rués sur la belle et grande dame. Ils étaient épaulés par la vedette de la nouvelle pensée, Jean-Paul Sartre et la nouvelle coqueluche, Michel Foucault et autour d’eux, derrière eux, tous ceux qui voulaient tout déplacer, en réalité pour tous se placer.
« Ôte toi de là que je m’y mette » Et les Lang, Poperen, Quiles… redoublent de mesures socialistes impossibles à financer sans affaisser le pays et il sera créée une nouvelle religion qui entraînera une guerre de religions, la retraite à 60 ans .
Sur les problèmes des années 2020 et notamment sur l’immigration qui dresse les Français les uns contre les autres, FOG avance le chiffre de 21,4 % de personnes d’origine étrangère sur deux générations soit plus d’un cinquième de la population mais « le déni fait office d’idéologie dominante »( page 373). Il absout Giscard toujours accusé d’avoir permis le regroupement familial qui a entraîné « l’invasion », mot de Giscard alors que c’est le Conseil d’ État qui outrepassant sa mission , l’a rendu possible puis inéluctable.
Giesbert parle de la nostalgie de cette époque si bien décrite dans les films de Claude Sautet. On travaillait plus longtemps mais on s’amusait davantage : les tablées de copains, les bouteilles qu’on débouchait, les femmes qui nous aimaient et la conviction d’être bien et d’avoir fait le bon choix.
Chez Gallimard, 22 euros, un beau livre de nostalgie et de dépit en souhaitant, en espérant « un nouveau sursaut »
André Simon Mamou
Du boulot partout avec de nombreux cumuls d emplois,Paris desert au mois d aout car meme le plus modeste avait la voiture avec caravane…que cela semble loin.