Après de nombreux aléas et autres soubresauts, un accord maritime et d’exploitation commerciale entre l’Etat d’Israël, la république libanaise et les Etats-Unis-d ’Amérique (USA) vient d’intervenir.
Il s’agissait, afin d’entamer l’exploitation des gisements contestés entre Jérusalem et Beyrouth, de déterminer une fois pour toute la limite maritime et la zone exclusive maritime entre Israël et le Liban, deux Etats en guerre depuis l’invasion par l’armée libanaise d’Israël en 1948.
Les partenaires affichent des satisfactions politiques, commerciales et stratégiques à géodésie variable.
Les incidences politiques et diplomatiques semblent court-circuitées par la réalité sur le terrain.
Incidences politiques
En Israël, le Premier-Ministre (PM) se prépare aux proches élections législatives avec ce bonus d’accord maritime.
En dépit de ce que la reconnaissance entre Etats est réciproque ou n’est pas, il se félicite, telle la réalisation d’une folle et impérieuse espérance, de ce qu’il considère comme une reconnaissance par Beyrouth de l’Etat d’Israël.
Au Liban, le président de la république (PR) dont le mandat, comme celui du parlement, touche à sa fin, a signé l’accord avec d’autant plus de satisfaction qu’il est parvenu à infléchir la position israélienne à l’avantage maritime du Liban tout en maintenant son refus de reconnaître “l’ennemi sioniste”.
Aux USA, l’accord permet au président Biden de marcher dans les pas des succès diplomatiques de son prédécesseur Donald Trump entre Jerusalem et des capitales arabes… et ainsi de se présenter politiquement comme un homme qui réalise la paix.
Incidences diplomatiques
Selon le PM israélien et le négociateur américain, l’accord maritime permettra d’éloigner le conflit dans la recherche du productivisme gaz-pétrole et d’asseoir encore un peu plus la souveraineté israélienne.
Comme se vante le PR libanaise, le général Aoun, qui doit sa survie à l’armée israélienne, l’accord leur octroie une diplomatie victorieuse sur leur “ennemi du sud” et commerciale sur l’exploitation des gisements maritimes en question.
Enfin, l’administration Biden dispose avec cet accord d’une importante avancée diplomatique qui constitue un répit dans le casse-tête avec Pékin et Moscou.
Pour autant, la réalité mouvante sur le terrain contredit quelque peu les certitudes annoncées.
1- Alors que depuis Jerusalem le PM israélien se félicite de la reconnaissance de son pays par le Liban, à Beyrouth, le PR, le président du conseil, le président du parlement, crient à qui veut l’entendre, que cet accord est “technique” , “séparé”, traité non avec l’ennemi » (israélien ) mais avec l’intermédiaire américain, et qu’il ne remet nullement en cause les liens entre l’Etat libanais et la milice terroriste Hezbollah, armée et financée par l’Iran et dont le but explicite est la destruction d’Israël.
2- Le PM israélien évoque la “reconnaissance de fait” de son pays par le Liban. Il n’existe pas de reconnaissance de fait, il n’existe que des reconnaissance de Droit (international public)
3- S’agissant de l’exploitation libanaise en zone israélienne, l’accord prévoit le versement conditionné de royalties à Jérusalem par Beyrouth. Reste à Israël à faire confiance au Liban pour l’exécution financière de sa signature…alors même que le Liban ne reconnaît pas son co-contractant israélien, qu’il est une colonie politique de l’Iran réclamant la destruction d’Israël… et que le Liban est en situation de débet (cessation de paiement d’Etat).
4- La flexibilité israélienne a conduit au retrait de sa souveraineté de zone d’exportation commerciale au profit du Liban. Ce retrait ne parait pas tenir compte de l’expérience parfois malheureuse et souvent fébrile de tous les retraits israéliens en faveur de ses ennemis (Liban, Gaza, Judée-Samarie, Jordanie, Egypte)
Qu’en sera-t-il avec le Liban qui ne reconnaît même pas Israël et qui constitue une base de lancements de missiles Hezbollah contre son peuple ?
5- La concomitance des départs des Exécutifs israéliens et libanais et la proximité législative dans les deux Etats ne forment pas un élément d’assurance supplémentaire à la situation, et c’est un euphémisme.
6- La vénalité, la rapine, le racket des dirigeants libanais à l’encontre de leur propre peuple qui manifeste contre l’illégitimité de ses dirigeants ne sauraient pas plus constituer un élément de crédit international au général Aoun ni à ses alliés iraniens.
7- La mainmise de l’Iran sur le Liban par le Hezbollah hostile à l’existence d’Israël contrevient par nature comme par destination à l’accord maritime
8- L’accord sur la frontière et la zone d’exploitation maritime entre Israël et le Liban ne peut éluder l’absence totale d’accord de frontière terrestre entre les deux pays.
Certes, les services de renseignements et l’armée de défense d’Israël ont validé l’accord et s’en félicitent.
Certes, les Israéliens, qui subissent de leurs voisins immédiats missiles gazaouis et libanais, hostilités palestiniennes et froideur ingrate de l’Égypte et de la Jordanie, ont de quoi se réjouir de tout ce qui semble, de près ou de loin, les éloigner de l’enfer des guerres.
Certes, un mauvais accord vaut mieux qu’une bonne guerre…
Il convient donc d’espérer que la réalité (géo)politique, diplomatique, stratégique se soumette enfin à la volonté légitime d’Israël de vivre en paix.
© Pierre Saba
Vendredi 28 octobre 2022
Certains pensent sincèrement que donner des moyens financiers aux criminels qui envisage la destruction d’Israël, que cela les sauverait de leurs passages à l’acte prémédité et clamé depuis des décennies ?
Quelle est l’importance de la reconnaissance par un ennemis ? En quoi cela serait rassurant ? Sachant qu’Il y a tellement de pays avec des frontières reconnues Mondialement en guerre en ce moment.