Accusés de « sionisme », nos auteurs français annulent leur venue au festival de littérature de Beyrouth

Ecrivains ou membres de l’Académie Goncourt, ils décident de ne pas participer à un festival littéraire organisé par la France au Liban, festival au cours duquel sera révélée la dernière sélection du prix Goncourt 2022.

Alors que les quatre finalistes du Goncourt 2022 doivent être annoncés depuis la capitale libanaise au cours de cette manifestation culturelle inédite, voilà que quatre membres du jury, Eric-Emmanuel Schmitt, Tahar Ben Jelloun, Pascal Bruckner et Pierre Assouline décident de concert de ne pas participer audit événement qui s’est ouvert hier. « Certains auteurs se sont désistés en raison de la situation sécuritaire dans le pays, et d’autres pour des raisons personnelles ».

La raison de la chose? Elle est que Mohammad Mourtada, ministre libanais de la Culture et proche du mouvement chiite Amal, avait accusé le 8 octobre certains auteurs participant au festival, sans les nommer, de soutenir « le sionisme », avant de prestement retirer son communiqué des réseaux sociaux. L’ennemi juré d’Israël avait tweeté … qu’il « ne permettrait pas à des sionistes de venir et de répandre le venin du sionisme au Liban ». 

L’écrivain français d’origine libanaise Sélim Nassib a annoncé via un communiqué qu’il renonçait également à participer au festival où il devait présenter Le Tumulte, roman dont le héros est né à Beyrouth dans une famille juive, les propos du ministre l’ayant « profondément dégoûté ». 

A noter: Hier, le quotidien Al-Akhbar, proche du Hezbollah, s’est félicité du désistement des auteurs, en titrant : « Beyrouth tient tête aux sionistes ».

Festival maintenu

Le scandale est accru par le fait que l’événement ait été maintenu, engendrant une honte pour la France et pour l’Académie Goncourt.

Sabine Sciortino, directrice de l’Institut français du Liban qui organise l’événement, a déclaré: « L’académie Goncourt nous a assuré qu’elle allait honorer l’engagement pris, le président Didier Decoin se déplacera à Beyrouth pour annoncer les finalistes du prix » le 25 octobre.

Pour rappel, en 2016, le franco-libanais Amin Maalouf, lauréat du prix Goncourt, avait été la cible d’une campagne au Liban pour avoir … accordé une interview à un média israélien.

Une centaine d’auteurs francophones du monde entier étaient invités à participer à ce festival baptisé « Beyrouth Livres ».

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