Alors qu’à Nanterre, des élèves bloquent le lycée Joliot Curie, revendiquant le droit de pouvoir porter abayas et qamis, le ministre de l’Éducation nationale est étrangement silencieux. Une note floue et puis s’en va. C’est ainsi que vogue le ministère de la déconstruction nationale tandis que se poursuit l’offensive islamiste sur l’école. Avec la complicité passive de Pap Ndiaye et de certains professeurs.
Face à l’invasion d’abayas et de qamis et l’offensive à peine voilée des salafo-fréristes dans nos écoles, une question se pose : Pap Ndiaye est-il la solution du problème ou une partie du problème ? Certes, le ministre de l’Éducation nationale, les yeux longtemps grands fermés sur ce phénomène, consent à le regarder en face. « Depuis un an, le nombre de signalements relatifs à des tenues, disons islamiques, augmente », admet-il, comme sortant du déni. Il nous promet « fermeté et transparence ». Désormais, donc, une fois par mois, seront publiés les chiffres des signalements d’atteintes à la laïcité.
Nous voilà rassurés. Enfin… Pas tout à fait. Comment pourrions-nous l’être quand, par exemple, à Nanterre, le blocus du lycée Joliot Curie ne donne lieu à aucune communication de l’Éducation nationale, aucun déplacement de Pap Ndiaye ? Pourtant, c’est bien là qu’une première bataille culturelle se joue, en lisière de Paris, mais déjà si loin des murs de l’École alsacienne où sont scolarisés les enfants du ministre de l’Éducation nationale. Sur Snapchat, les élèves qui défient le proviseur et le rectorat, en appellent jusqu’à des fichés S pour bloquer leur lycée et défier la police. Parmi leurs revendications : la levée de l’interdiction des abayas et des qamis et le soutien à un professeur de mathématiques syndicalisé, connu pour fermer les yeux sur le port du voile, qui a été muté dans un autre lycée de l’académie de Versailles.
Pap Ndiaye, lui, demeure silencieux. Comme s’il avait d’autres urgences que la pression que les frères musulmans et les salafistes mettent sur l’école. Il préfère se préoccuper de la lutte contre les stéréotypes de genre à l’école maternelle ou de l’absence de débat nuancé en France sur les questions ethno-raciales. On croit rêver. Il est vrai que le ministre de la déconstruction nationale entretient volontiers le flou. Certes, à l’Assemblée nationale, il prend soin de rendre hommage à Samuel Paty, « mon collègue, professeur d’histoire » et soutient que « la laïcité n’est pas négociable et qu’elle est la condition de la mise en œuvre des valeurs de la République ». Mais encore ? En réalité, Pap Ndiaye peine à prendre la mesure du problème.
Le syndrome Samuel Paty
Dans une note envoyée mi-septembre par le pôle “valeurs de la République” du ministère de l’Éducation nationale, il était rappelé aux recteurs d’académie les principes édictés par la loi de 2004. En d’autres termes, l’interdiction du voile. Quant aux abayas et autres qamis ? Pas question de les considérer d’emblée comme des tenues islamistes et par conséquent de les interdire. Il était demandé aux recteurs d’apprécier si cette tenue était portée de manière régulière, si les élèves persistaient à ne pas vouloir y renoncer… Bref, une marge d’interprétation était laissée aux proviseurs. Qui pouvaient s’en laver les mains ou au contraire prendre des mesures pour en limiter le port. On voit le résultat. Et on pressent déjà que les chiffres des signalements d’atteintes à la laïcité que le ministre dévoilera demain ne reflèteront qu’une part de la réalité de l’offensive islamiste.
Pour certains enseignants, « tout ce tsoin-tsoin sur le voile des jeunes filles n’a rien à voir avec la laïcité et tout à voir avec l’islamophobie ».
Si certains chefs d’établissements et professeurs courageux prennent le risque de faire appliquer la loi de 2004, combien d’autres préfèrent rester silencieux sur le phénomène ? C’est le syndrome Samuel Paty. Mais il y a plus grave. Il faut lire l’essai de Iannis Roder pour en prendre la mesure. Dans La Jeunesse française, l’École et la République paru à la rentrée aux éditions de l’Observatoire, il évoque « cette minorité agissante de fonctionnaires qui, non pour des raisons religieuses, mais pour des considérations politiques et idéologiques, cherche à faire de la lutte contre la loi de 2004 un cheval de bataille contre le “racisme systémique” que véhiculerait la République française. » C’est ainsi que, selon son témoignage, des professeurs reconnaissent à demi-mot ne pas faire appliquer la loi, par conviction : « Nous faisons appliquer les lois, bien sûr, mais quand des lois et règlements semblent mal s’articuler, il est possible que certaines dispositions soient appliquées avec un zèle modéré. » Pour ces professeurs, écrit-il encore, « tout ce tsoin-tsoin sur le voile des jeunes filles n’a rien à voir avec la laïcité et tout à voir avec l’islamophobie ».
Comment dès lors imaginer que Pap Ndiaye puisse sérieusement mener cette bataille contre l’offensive islamiste dans nos écoles quand il était le premier a nié l’existence de l’islamo-gauchisme?
© Raphael Stainville
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