Bon
Lundi
J’ai eu bien chaud hier…
Non pas chaud parce que la température était élevée à l’extérieur ou à l’intérieur.
Ni chaud parce que d’incommodantes hormones se seraient réveillées et rappelé à mon bon souvenir… Vous savez ces déflagrations de chaleur qui signent une jeunesse qui se fait la malle et laisse l’impétrante se consumer et se liquéfier à la fois en maudissant le temps, la vaillance, et le roi…
Je déconne…
Non.
Moi je parle de la chaleur du coeur, celle qui rend le monde douillet et bienveillant, celle qui rend la peau douce et le coeur tendre, celle qui foudroie le pessimisme et repasse les neurones en friche, celle qui fracture la morosité, abat la grisaille et pulvérise la désolation…
Je veux parler de la chaleur qui serpente entre les veines, détend les muscles, arrache des sourires et provoque même parfois d’incoercibles rires de joie…
Eh bien c’est cette chaleur là qui m’a inondée hier, à ce déjeuner partagé avec des connaissances, des potes, des amis ou des gens qui pourraient le devenir..
Tout a participé du bonheur d’être ensemble…
Vous êtes venus nombreux, anticipant un plaisir collectif dans cette convivialité et cet échange qui n’avaient d’ashkenaze que le buffet et les plats préparés avec amour, le reste relevant autant du bonheur d’un échange amical que d’une yiddishkeit réservée à de seuls élus.
Beaucoup d’amis séfarades, d’autres non-juifs, ont découvert notre gastronomie, notre musique, nos blagues, et tous les invités ont participé avec simplicité au service en débarrassant les assiettes avec bonne humeur, pour aider les bénévoles qui, malgré un décompte précis et répété, ne se sont découvert au final que deux bras par personne.
Ce qui est peu quelquefois.
Pour ne pas dire insuffisant.
Rencontres, retrouvailles ( ça c’est vraiment juif-)
« Quoi? t’étais à la bar mitzwah du fils d’Henri?
Non!
T’étais à Milano Marittima en 1966? Moi aussi !!
Hein?
C’est ta soeur, Sylvie, qui était à l’Hachomer avec mon frère David? »
Et bien d’autres évidemment…
Et ceux qui n’ont rien retrouvé ont fait la connaissance de gens -ultra sympas hein!!!- qu’ils reconnaîtront la prochaine fois en leur tapant sur l’épaule…
« Hé! Mais quel plaisir de te revoir ! Quesse tu deviens? »
On ne multiplie jamais assez le plaisir de festoyer en parlant avec nostalgie de ceux qui reposent à Bagneux – ou pire encore, nulle part- avec plaisir des amis et de la famille, avec allégresse des enfants et des petits-enfants…
Et de la pluie…
Et du beau temps aussi…
Et de ce connard de Martinez rechappé des balles israéliennes, de cet abruti de Melenchon qui fait un boulot de politicard-syndicaliste antisémite, de l’Ukraine, on se rappelle certaines forfaitures, hein – je dis ça je dis rien- des kinders, des nakhes, et des déceptions aussi, « sa femme, cette kourve, je lui avais bien dit à mon fils, je me comprends », des genoux qui couinent, des cervicales qui coincent, du cholestérol, du diabète, des amis en soins palliatifs, des petits – enfants qui se marient- « Je vais être arrière-grand-mère !! »
La vie en condensé d’espace et de temps…
Les bénévoles chuchotent dans la cuisine :
« C’était bien ?ils sont contents ?
Tu vois, on a fait dix fois trop!
On calculera mieux la prochaine fois…
Le gâteau au fromage était comment?
Ta compote, une vraie tuerie…
Quelle chance on a eu que Regine nous prête ce local…
Tu rentres en métro ?Je pars avec toi… »
On se rhabille
On rentre
Un morceau de vie ziss … Sucrée…
On s’est fait bien chaud hier…
Je vous embrasse
© Michèle Chabelki
Jamais compris l’intérêt de publier ces bluettes qui jurent avec le contenu des autres articles. C’est sans doute leur caractère consensuel qui doit plaire aux profs parisiens à la retraite.
Benoît Rayski nous manque.