Je n’irai, sans doute, jamais en Iran.
Je ne prendrai, pas un taxi brinquebalant pour me perdre dans les rues poussiéreuses du bazar de Shiraz.
A la recherche d’une calligraphie encadrée de motifs en arabesques.
Le vendeur ne m’accueillera pas par un « Salaam », pour poursuivre en persan. Une langue chantante qui fait comme des volutes.
Mais, je peux aller voir le film d’Asghar Farhadi, « Un héros ».
…
Rahim, en prison pour dettes, a 2 jours de permission pour trouver un moyen de rembourser Brahim, son ex-beau-frère, un type obtus au front bas.
Avec Brahim, rien n’est négociable, c’est une question d’honneur.
Et, quand on parle à un mur, on finit toujours par le taper avec ses poings.
Rahim n’aurait pas dû casser la gueule à Brahim, d’autant qu’il a été filmé et que la vidéo va être diffusée sur les réseaux sociaux.
Qui détruisent honneur et réputation.
Pour contrebalancer son image désastreuse, Rahim pourrait, lui aussi, exhiber sur les réseaux sociaux, le désespoir de son fils bègue et dyslexique.
Rahim s’y refuse et préfère retourner en prison.
C’est ça le véritable honneur.
…
Discrètement, dans les dernières images du film, Asghar Farhadi nous montre ce qu’est un pays totalitaire.
Les portes de la prison sont grandes ouvertes et il n’y a pas de gardiens.
Car qui oserait s’échapper ?
© Daniel Sarfati
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