
Inutile de tourner autour du pot, il faut aborder la question posée par le lieu où se tiendra cette entreprise de propagande antisémite déguisée en conférence.

Un coup d’oeil sur « Google » permet d’apprendre que la « Salle Jean XXIII » qui l’abritera relève du diocèse de Versailles. L’Eglise catholique étant aussi hiérarchisée que l’Armée, la mise à la disposition de ce local relève localement de l’évêque de Versailles – et, au niveau hiérarchique supérieur, de l’archevêque de Paris.
C’est donc à ces deux prélats qu’est posée une première question : comment, après l’instauration d’un dialogue judéo-catholique sous l’impulsion de Jules Isaac qui, en 1960, rencontra le Pape Jean XXIII, et après le Concile de Vatican II convoqué par le même Pape qui proclama, le 15 octobre 1965, la Déclaration Nostra Ætate, le clergé catholique peut-il être l’hôte d’une conférence reprenant une logorrhée antisémite, accusant Israël d’un crime inventé comme furent inventés dans le passé ceux de crimes rituels à l’encontre des Juifs ?
La seconde interpellation est à destination des autorités religieuses juives : Pourquoi se taisent-elles alors que le GRF n’a pas hésité à assister à un colloque organisé par la Ligue Islamique Mondiale, ni à prendre publiquement parti lors de la dernière campagne présidentielle française en qualifiant l’un des candidats, pourtant juif, d' »antisémite »?
Il sera particulièrement déplacé de se lamenter après le prochain massacre anti-juif en France si, aujourd’hui, les voix de ces personnalités religieuses ne se font pas entendre et si leurs actions ne sont pas effectives pour empêcher que ce rassemblement ne soit légitimé par le lieu où il est prévu qu’il se tienne.
Il y a peu de temps, alerté par une infatigable combattante de l’antisémitisme, le Maire d’Orléans a retiré la mise à disposition d’une salle municipale où devait se tenir la conférence d’un individu adepte des propos complotistes et antisémites.

Que fera l’évêque de Versailles ? L’archevêque de Paris ? Que dit le Grand Rabbin de France ? Qui répondra « Présent » alors qu’il ne s’agit pas d’assister à une réception dans un Palais de la République ou de prendre la parole pour tenir des propos rassurants lors d’un meeting médiatisé ?
© Dina Kaplan