Guiva tsarfatit. Jérusalem.
Les Israéliens se détendent dans un petit café, dans une atmosphère… stressée.
Et pour cause, il faut faire les dernières courses avant Yom kippour, plumer des kapparot même virtuelles ou prendre son billet pour Chypre pour se sauver et éviter les rues vides.
« Gmar hativa tova, Hana », lance un arabe du quartier à une ola hadasha américaine.
Oui, ici tout est possible.
90 % des israéliens ont avoué, dans un sondage récent, être heureux en Israël.
Ne vous y trompez pas, ce sont les même 90 % qui se plaignent de tout, de la vie chère aux politiciens véreux, du système de santé aux prestations de service, des grèves trop fréquentes et du manque d’implication citoyenne.
Les mêmes qui vont te dire « savlanout » (patience) avant de te passer devant sans ménagement.
Qui vont hurler par la fenêtre de leur voiture et klaxonner parce que tu mets un dixième de seconde de trop pour te garer, mais qui vont passer une heure à changer ta roue avec toi et redémarrer ton moteur.
Le grand n’importe quoi en apparence.
L’apprentissage du fait d’être libre en vérité.
Un apprentissage long et fastidieux, car, depuis 2000 ans, tu essayes de plaire, de ne pas contrarier, de pratiquer ta religion dans l’ombre ou de l’abandonner en public, mais sans jamais pouvoir le faire sans obligations, sans risque d’ombrager.
Être libres, ça grise.
Mais c’est communicatif.
Pour le meilleur et pour le pire. Mieux vaut être une tête brûlée chez soi que dans un village polonais.
Alors on va apprendre à mieux demander pardon. A mieux dire merci aussi, oui, ça viendra, mais ça va prendre du temps.
Parce qu’on avait usé, à force de l’utiliser trop souvent à contretemps, tout notre stock en deux mille ans.
© Bernard Zanzouri
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