Les bras m’en tombent. Dimanche 2 Octobre.
C’est Dimanche, je vais pas à la messe. Je suis à Bastia, c’est moi qui officie. Mais je change de liturgie, tous les soirs quand je monte sur scène pour présenter un film.
“Amis de la cinephilie et du film de compte à rebours , bonsoir…” que je leur sers en entrant sur scène vêtu des habits sacerdotaux : Hugo Boss et Todd’s. La chemise vintage Georges Rech, col officier. Je fais mon coquet, une vraie poule.
Hier soir c’était “L’astronaute” de Nicolas Giraud, il était là, beau gosse, jeune, acteur, à côté j’avais l’air d’une cucurbitacée. Jaloux le tigre. Mais charmant, volubile et enthousiaste le gamin.
Comme critique je pouvais être un chien enragé mais dès que je côtoie les cinemaniaques j’ai des tendresses. Tant de boulot, tant d’espoirs, tant de solitudes.
Le film de Nico (il m’a étreint après que j’eus vaillamment présenté son œuvre en évoquant les films de fusée de Melies à Cuaron, ça crée des liens) raconte comment une bande de pirates fabriquent un vaisseau pour aller dans l’espace. Joli, naïf et tendre.
Dehors il soufflait un vent à décorner le général Tapioca, et le public était un peu décoiffé. Dans la salle deux enfants ont pris la parole après la projection. L’un voulait savoir comment on faisait , la petite fille se demandait si c’était bien raisonnable d’aller dans l’espace quand la terre allait si mal, tout en précisant qu’elle ferait astronaute quand elle serait grande. Le cinéma fait toujours rêver les petits, ils vont nous sauver la planète, j’en suis sûr.
J’écris ça au soleil et clochent les sonnes. Amen. Il fait 25 au soleil et, à côté de moi, un couple sexagénaire Bastiais papote avec les passants. Elle est blonde jusqu’à un doigt des racines, le poitrail avenant, la French manucure, et les talons perchés. Il a la chevelure argentine, le polo athlétique, et l’air de pas s’en laisser compter. Ils s’exposent en terrasse, main dans la main, vaillants devant l’âge. Pour ça je les aime bien, même si Nico est plus jeune et sémillant que moi.
C’est dimanche et je suis plein d’affection pour l’homo sapiens.
Je cherche une déclaration nouvelle de Sandrine Rousseau qui confirmerait la désagrégation irréversible de sa psyché et ne trouve rien. Elle doit faire une retraite chamanique dans la secte des éoliennes. En attendant son retour, je lui cherche un pseudo pour pouvoir la faire définitivement entrer dans mon carnaval des animaux.
Ça y est j’ai trouvé : Sœur Viandox. J’espère votre approbation.
© Denis Parent
La Chronique de Denis Parent “Les bras m’en tombent”, que tous ses lecteurs assimilent à ses humeurs, est née il y a trente ans dans “Studio Magazine”, où l’auteur nous entretenait de cinéma.
Sobriquet pour Sardine Ruissseau: Robespierra.
Elle en connaitra le sort.
@E Weber Insultant pour Robespierre. Celui-ci était également un malade dangereux, mais il était redoutablement intelligent contrairement à Sandrine Rousseau qui a l’intelligence d’une huître.