Déjà, la nuit qui tombe comme un catafalque à 18 heures, l’autobus qui sillonne la crasse clignotante de la ville avec son chargement de mères et d’enfants harassés, de bébés colériques arc-boutés dans les poussettes, les crachotements des écouteurs vissés dans les pavillons d’oreilles comme autant d’îlots de survie, les surgelés du repas du soir qui s’égouttent dans le sac à dos,
Tout ça, déjà ? Non, je ne veux pas. Je ne plaisante pas, je ne veux pas. Je serai déraisonnable, je mentirai, je ferai durer encore l’été, je garderai mes pieds nus dans les sandales raidies de soleil et de sel, mes bracelets de cheville, jusqu’aux premières gouttes au nez, jusqu’aux premiers enrouements.
Je ne veux plus de l’hiver qu’à la campagne, aux lueurs du poêle ou de la cheminée, dans la boue odoriférante des chemins et la brume qui s’accroche aux branches…
© Catherine Gaillard
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