Mohammed Guerroumi. En Hommage à Mahsa. Le long sanglot des musulmanes

En hommage à Mahsa Amini, cette malheureuse jeune iranienne de 22 ans, dernière victime innocente du méprisable régime répressif des mollahs, morte dans des conditions suspectes dans un commissariat de Téhéran pour avoir « mal porté » son voile, ce texte que j’avais dédié aux musulmanes. 

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– Le long sanglot des musulmanes – 

Dans le neuvième des 10 Commandements, initialement gravés en lettres de feu sur les Tables de Moïse, il est écrit : « Tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain. » 

On voit clairement ici que ce Commandement Divin s’adresse uniquement à l’homme, et non point à la femme. Cependant, par la « magie » du fondamentalisme patriarcal inhérent à presque toutes les religions, monothéistes ou autres, cette sentence fut très vite étendue frauduleusement à toute la gente féminine en lui attribuant, pour mise en subordination à l’autorité masculine, une sorte d’irresponsabilité ou d’insuffisance morale. 

Ainsi, associant ce Divin Commandement à la Genèse inexacte de l’humanité, la femme porte depuis le lourd fardeau sycophante et calomnieux de tentatrice ou corruptrice charnelle, ou telle affublée du rôle disgracieux et enjôleur d’une déesse insouciante, licencieuse et érotomane, incitatrice malfaisante de la « sainte » concupiscence masculine. 

Et l’islam ne déroge point à cette manipulation misogynique, fomentée et instrumentalisée par l’homme tout puissant à la pilosité ostentatoire. À telle enseigne que la femme se voit attribuer, malgré elle et en digression de la Parole Divine, un statut subalterne régressif, pouvant aller jusqu’à la dépendance, la tutelle ou la vassalité devant la seigneurie de l’homme, à la dissimuler du regard des hommes, à cacher la Parure dont le Créateur l’a comblée, sa chevelure, sa gracieuse silhouette et l’amour exceptionnel qu’elle exalte en elle, nonobstant le sacrilège qui découle d’un tel avilissement rétrograde. 

Or, se faisant, la dérive religieuse patriarcale islamique a, de facto, soustrait la femme de son lien direct avec le Transcendant, dont seul l’homme en serait exclusivement digne. Aussi, même si le discours islamique vante, par le summum de son art mielleux et hypocrite, la dignité rendue à la femme dès la Révélation coranique, il n’en demeure pas moins que, dans la réalité sociale et religieuse du monde musulman, elle reste réduite à se plier au dictat masculin plus ou moins omnipotent, d’où son accoutumance culturelle à la ségrégation sexiste, à sa mise sous tutelle pour les arrangements matrimoniaux et règles conjugales, à l’effacement physique de sa personnalité, à l’encadrement de sa liberté censurée. 

Dès lors, par le trucage sémantique et la falsification étymologique du sens donné à certains mots et versets du Coran, la prélature patriarcale islamique est parvenue à maquiller le Verbe libérateur de la femme en un ensemble de modes prescriptifs impérieux et injonctifs, discriminants et injustes. 

Là où le Coran émancipe et incite la femme, sans feinte ni restriction, à s’astreindre à entretenir et à garder toujours intacte sa capacité de séduction, toute naturelle au demeurant, comme moyen de ne pas se soumettre à la tutelle de l’homme quel que soit son rang ou son statut, de claquer la porte au besoin et se trouver ou non un meilleur compagnon, de préserver ainsi son lien direct et intime avec le Transcendant, sans nul intermédiaire, de toujours veiller à ne jamais sombrer dans la servilité en renonçant à sa liberté, d’élever et prémunir sa dignité en se forgeant des compétences lui permettant de se subvenir par elle-même, bref, là où le Coran n’admet aucune dissymétrie dans les rapports hommes-femmes, tous les prélats auto-proclamés dits musulmans, tous exécrables imposteurs et usurpateurs soient-ils, persistent à contraindre et baliser la régression de l’ordre féminin par le subterfuge et la corruption du Verbe coranique. 

C’est alors aussi, qu’à la place de l’amour et de l’harmonie sexuelle partagée qui devaient régir les relations de couples musulmans, il n’y a plus qu’illusions et simulacres, qu’apparences et frustrations, déceptions, gâchis, déséquilibres, déchirements et arriérations stupides, par la décrépitude et la déliquescence du genre féminin ! 

Comme quoi, dirait Michel Sardou… 

« C’est un cri,
C’est un chant,
C’est aussi la douleur et le sang,
Toutes les fureurs qu’elles portent en elles,
La peur des hommes, la peur du ciel,… » 

Femme, quand te libèreras-tu de tes chaînes, de tes carcans, de tes craintes ou de tes contraintes ? L’avenir et la sauvegarde de l’humanité sont entre tes mains, aussi ! 

Toi la musulmane, reprends ta liberté et sois telle l’exaltation de la délicatesse Divine ! 

© Mohammed Guerroumi

Musulman rationaliste, engagé et laïc, nommé en 2016 Délégué régional à l’instance nationale de dialogue avec l’islam, Mohammed Guerroumi est très impliqué dans le dialogue interreligieux. Auteur à Causeur, il est un des Signataires du « Manifeste contre le nouvel antisémitisme« .

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