Au début des années 80, une jeune fille est admise en hypokhâgne au prestigieux lycée Henri IV. Toute au bonheur de pouvoir s’adonner à sa passion pour la littérature, elle commence par goûter les joies intenses de ses découvertes. Mais le poison de la déception lentement s’insinue en son esprit et vient ternir ces éblouissements premiers: la compétition, les mesquineries qui sont le lot de ces classes préparatoires s’invitent pour ébranler sa confiance. Sa foi s’attiédit et l’amertume l’emporte sur l’enthousiasme. Après une hypokhâgne et une khâgne redoublée, le sentiment de perte de soi l’emporte. C’est la première traversée.
Parallèlement à ce chemin de tristesse, se dessine une autre route, celle qui mène à son identité juive, à la mémoire de sa famille victime de la Shoah, et à la Torah. C’est la seconde traversée, celle qui conduit à la connaissance sacrée et se substitue à la connaissance profane.
Cette mise en regard d’un héritage spirituel ancestral et la découverte d’un savoir académique, aussi brillant soit-il, offre au lecteur une perspective originale.
Rivka Nadel nous offre avec ce premier roman une belle et profonde réflexion sur le passage de l’adolescence à l’âge adulte, sur celui de la pudeur au dévoilement, sur la nécessité de repasser le Léthé, ce fleuve de l’oubli, pour atteindre à la rive de la connaissance de soi.
La grâce juvénile et la justesse de l’écriture donne à ce roman d’initiation, largement autobiographique, une fraîcheur délicate teintée d’un romantisme émouvant.
Rivka Nadel vit à Strasbourg. Elle est l’épouse d’un rabbin.
(©) Nickie Caro Golse
“Traversée”. Riva Nadel. Actes Sud
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