Les bras m’en tombent. Mardi 6 Septembre
Hier j’ai quitté Papie Indy en son manoir provençal. Sa fiancée m’a qualifié “d’homme aux semelles de vent” la référence au grand poète m’a flatté et on a agité les mouchoirs. Prozerpine piaffait et on a fait une étape à Marseille où j’ai squatté chez Claire et Micha, la compagne et le fiston. Le temps de reposer ma monture, lui refroidir le carbu et lui offrir son comptant d’avoine.
Hier soir on est allé dîner en terrasse avec Jo et Micha , mes deux ainés, et on refait le monde en origami. Leur monde devrais-je dire, moi qui appartiens désormais à la génération des gisants mais en semelles de vent, bordel. Le spectacle du chaos est partout et il est vrai que les canaux d’infos n’incitent pas a l’optimisme.
Avant c’était pareil mais on le savait moins , on était pas tous à surveiller le téléscripteur de l’AFP, a se fouetter d’effroi.
Entre temps j’avais rencontré Sylviane de Gardanne qui m’avait gentiment invité et m’a acheté un Sanguinaires. Merci à vous lecteurs d’ici et là, qui pourriez d’ailleurs contre une dédicace signer sur les flancs de mon cheval de fer, une idée à creuser même si la bête renâcle.
Ce soir je suis en Camargue, chez Agnès et Bruno, le projet est de boire du vin corse. Un Patrimonio blanc, pour les curieux.
Ce pays est vaste, il est beau, et souvent perché. Dans le sens d’un peu cinglé. Je l’aime, un peu plus à force de l’arpenter, avec ses fermes , ses artisans, ses fleuves, ses touristes en short et ses babas septuagénaires , toujours prêts à rouler un cône entre le tracteur et la boutique où l’on vend de la verroterie pour les sauvages en camping-car.
Je suis optimiste, moi. N’en déplaise. Les pleureurs et les pleureuses ne voient rien de la complexité du monde. Ils ne se complaisent que dans l’étude navrée de leurs propres névroses. Combien ils détestent se haïr ainsi que leur époque.
Tous les jours, pourtant, naissent des génies artistiques ou scientifiques, areuh areuh qui changeront l’avenir. J’observe la population en poussettes et je me demande qui, issu de la loterie génétique et comportementale , va inventer le fil à couper le temps et la machine à aimer sans le savoir. Je les salue en tant qu’ambassadeur de demain.
Denis Parent
La Chronique de Denis Parent “Les bras m’en tombent”, que tous ses lecteurs assimilent à ses humeurs, est née il y a trente ans dans “Studio Magazine”, où l’auteur nous entretenait de cinéma.
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