Tel Aviv tourne le dos à la mer. C’est du moins ce qui s’écrit ou se répète .
Les avenues sont parallèles au bord de mer : Ha Yarkon, Ben Yehuda, Dizengoff … et seules les rues filent vers le rivage :Arlosorov, Ben Gourion, Gordon, Frishman…
New York , c’est le contraire , les avenues numérotées ou dénommées ( Third, Fifth, Madison , Lexington…) vont vers East River ou Hudson River .
Tel Aviv est une ville « inventée » par des juifs installés à Jaffa ( Yaffo) , vieille ville de population arabe. Ils voulaient de l’espace et de la modernité . Ils se sont installés plus bas sur un territoire de quelques kilomètres , le long de la mer : une plage avec de grosses dunes qui moutonnaient à l’horizon.
Alors ils l’ont quadrillé, cet espace, probablement selon les possibilités et les difficultés du terrain ou selon leur choix de vie, des avenues qui créent la ville et des rues pour que s’engouffre la brise marine .
La ville moyen-orientale des années 50 disparaît tous les jours, les tours d’habitation et les gratte-ciels de bureaux ne tolèrent comme voisinage que les magnifiques immeubles Bauhaus des architectes juifs allemands.
Les avenues sont noires de monde du matin … jusqu’a plus d’heure. Les boutiques se succèdent, épaule contre épaule mais ne semblent pas attirer le chaland. Il faut dire que les clients éventuels font défiler sur leur portable toutes les offres de tous les vendeurs.
Tel Aviv est une ville connectée : aux stations de bus les gens de toutes les générations savent quel bus va arriver en premier et dans quel délai, les smartphones ne chôment jamais.
On ne voit pas une terrasse de café désertée ou avec quelques pékins dispersés. Non, les tables, les chaises, les tréteaux, les banquettes, tout est occupé et il faut slalomer entre les groupes d’amis, les jeunes mères et leurs landaus, les jeunes gens tirant la laisse de leur molosse .
Tel Aviv est une ville « gay friendly », tout le monde sait ça, mais c’est une ville qui devient « dogs friendly ! »
Sur les tables , peu de bouteilles d’eau ou de sodas mais des chopes de bière, demi, sérieux, formidables, et les filles par groupes de 3 ou 4 en boivent autant que les garçons. Souvent une petite table ronde et trois copines qui se resservent de la bouteille de vin blanc qu’elles ont commandée, salades et plats parfois dédaignés parce que trop chers. Autre explication : à Tel Aviv on sort pour « sortir », pas pour se nourrir. Des escadrilles de livreurs sur bicyclettes électriques vont des restaurants vers les appartements, apportant pizzas, burgers ou sushis.
La plage: 5 ou 7 kms de sable brûlant, des centaines de parasols blancs et des milliers de baigneurs. La mer calme ou agitée selon le vent, l’eau fraîche et agréable et il n’y a pas de rochers, pas de méduses et pas de bancs d’algues.
A Tel Aviv, il y a des quartiers pittoresques, luxueux, ou historiques. Les bas quartiers de la ville où s’entassent les travailleurs immigrés, les ateliers de petite mécanique, les restaurants à 10 shekels la pita de falafels sont devenus des repaires de bobos, comme le Marais à Paris. Le PIB israélien ne craint pas de grossir de plus de 5% par an et dévale pour tout transformer.
Théâtres, Centres d’art moderne, musées , salles de concert… Il ne manque rien à la ville, à ses habitants, à ses amoureux .
Samedi midi , les écoles de danse de la ville présentent devant les hôtels pieds dans l’eau leurs meilleurs danseurs et leurs pas compliqués.
Au bord de mer un centre nautique avec un petit port pour voiliers, une école de surf et une piscine.
The Gordon Pool! Un bassin pour les petits, une piscine de 25 mètres puis deux bassins, 33 et 50 mètres. Eau de mer évidemment, non pas de la mer mais de la nappe phréatique de la mer, puisée à 150 mètres de profondeur, vidée et remplie tous les soirs : pas de chlore et pas de pollution, la mer avant que l’homme ne la souille.
Plongez, nagez à Gordon Pool. Vous vous sentirez revivre.
André Simon Mamou
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