Les Bras m’en tombent. la Chronique de Denis Parent. 31 août 2022

Les bras m’en tombent. Mercredi 31 Août. Fin de partie : demain je monte au volant de Prozerpine dans un ferry qui me ramènera « sur le continent » comme on dit en Corse. Six semaines d’écriture et de relative solitude à me refaire une santé physique et morale.

L’été a déjà mis la clé sous le paillasson, je reviendrai pour l’automne puisque c’est comme ça.

C’est la saison des migrations. Il y a ceux qui partent et ceux qui reviennent. Chacun cherche sa route, parfois elle s’arrête en un lieu de plénitude. J’essaie toujours d’emprunter une route qui m’amènera là où j’ai besoin d’être. Ce sera éventuellement nulle part, il importe d’être attendu, sinon le monde est vaste.

Hier j’ai laissé Lucien la truffe, vingt ans, dans une salle d’embarquement. Il a fait Ajaccio/Paris avec maman puis Paris/Montréal où il va résider deux ans pour continuer ses études et vivre, surtout vivre parce qu’il n’y a pas d’âge pour cela , surtout quand on vient juste de se retrouver adulte et que le temps feint de vous avoir oublié.

Inutile de dire que j’ai mal dormi, alors que Lapinator était à 10 000 mètres d’altitude au-dessus de l’Atlantique. A 4 heures du mat’ le téléphone a dingelingué, et, hagard, j’ai pu lire son message extrêmement loghorreique : « yo ». Parfois le soulagement tient à deux lettres.

J’irai le voir quand l’été sera indien et que les pères errent dans les villes où leurs enfants cherchent leurs destins. Je le disais, le monde est vaste. Les enfants sont implacables, à un moment ils vous laissent avec de ces mélancolies quelque peu ostentatoires et merde c’est trop bien pour lui.

Donc je vais retourner sur les routes parce que c’est l’année de la route, après quelques saisons à apprivoiser des chimères. Je suis dans une forme radieuse et circonspecte. J’ai un livre en voie d’accouchement , deux autres à paraître, et quelques douceurs promises. Quant au prochain, il voyage dans ma tête. Prozerpine pétarade de joie.

Denis Parent

La Chronique de Denis Parent « Les bras m’en tombent », que tous ses lecteurs assimilent à ses humeurs, est née il y a trente ans dans « Studio Magazine », où l’auteur nous entretenait de cinéma.

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