A Zaporijia, le courage des experts internationauxL’équipe envoyée par l’AIEA, l’agence internationale de l’énergie, est enfin arrivée hier dans la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijia, occupée par l’armée russe, dans une zone sans cesse bombardée.
Poutine a finalement autorisé la venue de ces experts des Nations Unies, tout en laissant son armée effectuer, selon Kiev, «Des frappes d’artillerie sur l’itinéraire par lequel la mission de l’AIEA devait aller vers la centrale ».
On ne soulignera pas assez le courage de cette équipe de 14 personnes, de ces hommes et de cette femme, une Française, tous volontaires, qui ont non seulement traversé la ligne de front, mais devrait rester sur place de manière permanente afin d’éviter un accident nucléaire. A Kiev, le chef du Comité international de la Croix-Rouge a appelé à l’arrêt de toutes les opérations militaires autour de la centrale, prévenant qu’une attaque serait « catastrophique ». « Il est grand temps d’arrêter de jouer avec le feu et de prendre plutôt des mesures concrètes pour protéger ce site », a déclaré Robert Mardini, directeur général du comité international de la Croix rouge: « La moindre erreur de calcul pourrait provoquer des ravages que nous regretterions pendant des décennies ».
Dans l’échelle du courage, n’oublions évidemment pas les malheureux civils Ukrainiens qui vivent près de la centrale dans la ville d’Enerhodar et qui servent de boucliers humains, ainsi que ces soldats ukrainiens qui protégeaient la centrale quand elle est tombée aux mains des Russes, en mars dernier. Arrêtés, ils ont été détenus et torturés dans l’une des geôles des forces russes en Ukraine occupée, comme l’a décrit l’un d’eux, Anton Volosnikov.
Selon Emmanuelle Galichet, enseignante-chercheuse en physique nucléaire au CNAM, un accident est « hautement improbable, les belligérants n’ayant aucun intérêt à un tel accident ». L’un des six réacteurs nucléaires de la centrale de Zaporijia a pourtant été arrêté en raison de bombardements russes et l’Agence de l’énergie atomique ukrainienne, Energoatom, a mis en garde contre les « risques de pulvérisation de substances radioactives [à cause] des bombardements [qui ont] endommagé l’infrastructure de la centrale ».
C’est Emmanuel Macron, le seul dirigeant à parler encore à Poutine, qui a obtenu le feu vert pour les experts de l’AIEA. D’où l’importance de garder le contact avec Moscou. Pour le président français, il faut « continuer à parler à tout le monde, surtout à ceux avec qui nous ne sommes pas d’accord ». Emmanuel Macron s’exprimait hier lors de la traditionnelle conférence de ambassadeurs. Il estime que « la division de l’Europe est un des buts de guerre de la Russie » en Ukraine.
Jean-Marcel Bouguereau
La République des Pyrénées
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