
Tel un scénario bien huilé, se moquant de l’heure ou de la saison tant chacun sait que la France a bien livré ses Juifs à l’ennemi islamiste, voilà confirmé l’assassinat, à quelques encablures de Paris, de Eyal Haddad par un dénommé Mohammed Dridi, musulman de son état.
Chacun reconnaît désormais la triste rengaine, petite musique honteuse qui accompagne la chose: la rumeur d’abord.
Un organisme ensuite, souvent le même, Bureau National de Vigilance de l’Antisémitisme.
Meyer Habib enfin. Lequel vient toujours confirmer que le pire était fondé.
Toujours le même scénario: l’assassin, lorsqu’il ne jette pas sa victime par la fenêtre, ne met pas le feu à un corps massacré et torturé, use des mêmes méthodes d’un autre âge: ici, la hache.
Toujours le même silence nimbé de lâcheté: celui de médias pleutres qui ont fini par prendre modèle sur les responsables communautaires juifs en personne, eux-mêmes confortés par une Justice française qui s’est elle encore depuis longtemps déshonorée sur le sujet.
Toujours les indignations chuchotées des autres.
Toujours un Président escorté de nos dénommés « Représentants » qui viendra, à chaque « anniversaire », déposer sa gerbe, et bégayer quelque promesse.
Toujours des nominations, des titres redondants, des Commissions: « Plus jamais ça », gronderont-ils.
Toujours le déni: Chuuuut. N’allez pas nous énerver la rue arabe.
Toujours à l’esprit, pour celui qui écrit, les vers de Hugo:
« Caïn, ne dormant pas, songeait au pied des monts.
Ayant levé la tête, au fond des cieux funèbres,
Il vit un oeil, tout grand ouvert dans les ténèbres,
Et qui le regardait dans l’ombre fixement.
…
On fit donc une fosse, et Caïn dit « C’est bien ! »
Puis il descendit seul sous cette voûte sombre.
Quand il se fut assis sur sa chaise dans l’ombre
Et qu’on eut sur son front fermé le souterrain,
L’oeil était dans la tombe et regardait Caïn. »
Victor Hugo
Sarah Cattan