Antoine Desjardins. « Que les prétendues sciences de l’éducation ont ruiné l’école », ou « Discours sur l’origine du malheur scolaire »

Honoré Daumier d’après Le malade imaginaire, Molière

Le premier qui ayant cessé de faire cours s’avisa de dire Je suis désormais un scientifique de l’éducation et trouva des gens assez simples pour le croire fut le vrai initiateur du désastre.

Que de réformes débiles et criminelles, de flots de jargons ineptes, de crises des vocations enseignantes, d’épidémie de dyslexie et d’illettrisme, n’eût point épargné à l’École celui qui arrachant des mains de cet imposteur les livres et les « thèses » pondues très loin du cadre des opérations scolaires, eût crié à ses véritables collègues:

« Gardez-vous d’écouter ce Diafoirus ridicule, cet idéologue médiocre à QI de lémurien qui ne cherche que du pouvoir sur vous, qui n’a cure des élèves et s’est installé dans une position qui lui permet de faire travailler les autres ! Vous êtes perdus si vous oubliez que l’école appartient à ceux-là seuls qui la font vivre au quotidien, humblement, et demeurent parmi leurs élèves pour les faire progresser grâce à un artisanat patient qui ne doit rien aux pontifes qui imposent des réformes idiotes et souvent contradictoires à coup de powerpoints débilitants !

Vous êtes le sel de l’école, ils en sont les parasites et les profiteurs ! Retrouvez l’ordre naturel qui doit prévaloir, renouez avec le bon sens et la pédagogie explicite. Renouez avec la science et les humanités, renouez avec l’exigence.

Résistez de toute votre âme, avec les moyens qui sont les vôtres à cette duperie managériale qui met à mal votre souveraineté pédagogique et votre liberté.

Vous êtes le corps souverain de l’école : rien ni personne ne peut aller contre votre conscience.

L’école n’est pas un laboratoire politique et social ouvert aux quatre vent des idéologies gauchistes déconstructrices; elle devrait être un sanctuaire destiné à faire passer le savoir le moins mal possible sans jamais vouloir faire table rase de rien.

L’école est par essence conservatrice et c’est là sa plus forte originalité : elle ne fabrique des êtres libres, appelés à être novateurs, que par la transmission des savoirs et des méthodes du passé.

Antoine Desjardins

Professeur de Littérature, Antoine Desjardins est co-auteur de “Sauver les lettres – Des professeurs accusent” (Editions Textuel). Membre du Comité Les Orwelliens, il écrit dans le Figaro Vox, Marianne, Causeur.

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1 Comment

  1. J’ai une mauvaise nouvelle pour Antoine Desjardins.
    Ce n’est PAS les « sciences de l’éducation » qui ont ruiné l’école. Elles ne sont que le symptôme et la conséquence de ce qui suit.

    La ruine de l’école est d’abord l’œuvre de la démocratie, étant, par essence, le droit voire le devoir de contester l’autorité.
    Conjuguée avec l’idéologie de l’assistance généralisée qui proclame le droit de TOUS à une vie acceptable moyennant le moindre effort.

    L’humain n’a pas le travail pour réflexe naturel ; il tend naturellement vers la paresse. Donnez-lui de quoi manger à sa faim, de quoi se loger (le minimum suffira), de quoi se soigner aux frais de la collectivité et il s’en satisfera.
    Nul besoin de se fatiguer outre-mesure. Normal.

    Le reste est le fruit des politiciens qui ont une peur bleue du peuple électeur, dès lors qu’ils lui avaient martelé, histoire de le caresser dans le sens du poil, qu’il a des « droits inaliénables », mais aucun devoir.

    Quoi d’étonnant si l’autorité recule d’abord, démissionne ensuite ?
    C’était le sens même des barricades de mai 68, certains le savent encore.
    D’où la logorrhée des « sciences de l’éducation » qui ne sont que la formulation pseudo-scientifique de la démission soixante-huitarde adaptée à l’école.

    Réparer est plus compliqué que vous ne le croyez, Antoine Desjardins.
    A une révolution ne peut remédier qu’une autre.

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