René Seror. L’Algérie adore détester la France autant que les Juifs

Pourquoi cette visite et pourquoi maintenant?
Un macroniste vous répondra qu’il est important de parler, et de réconcilier la France avec l’Algérie. 
Réconcilier l’histoire et les mémoires, c’est toute la dimension mémorielle de ce voyage. 
En revanche, c’est un moment très difficile et mal choisi. 

N’oublions pas que l’Algérie est isolée diplomatiquement. 
Elle est brouillée avec le Maroc et l’Espagne. 

N’oublions pas que c’est un régime militaro-politique. 
Elle est à part dans le concert des nations méditerranéennes. 

N’oublions pas qu’il y a là-bas une très forte répression et que les journalistes sont empêchés de remplir leur fonction librement. 

Il faut créer les conditions du dialogue

60 ans après l’indépendance, subsistent des tensions et des rancœurs. 
Les deux dossiers importants sont la mémoire et les visas. 

Lors de son précédent voyage, Macron a parlé de rente mémorielle. 
Il voulait dire que les dirigeants algériens, depuis l’indépendance, utilisent le discours anti-français et la mémoire de leur histoire de manière récurrente, permanente, telle une rente politique. 

Certains Juifs d’Algérie ressentent à l’endroit de ce pays une rancune tenace et une peine persistante. 
Il suffit d’écouter Enrico Maciqs, les larmes aux yeux, raconter son départ. 
La mort de son beau-père et maître. 
Pourtant, EM est bien le chanteur de la paix. 
Un Grand Rabbin devrait être reçu avec respect. 
Mais pour des sauvages, un Juif reste un ennemi. 
Preuve supplémentaire, s’il en est, que prime la détestation du Juif. 

Avez-vous entendu Amnesty?

Macron réalisera tôt ou tard que la haine anti-français est tout aussi vivace. 
Et même si le Président français prétend qu’aucun contrat pétrolier ou gazier ne sera conclu, Que fait la présidente d’ENGIE dans l’avion?

Après tous les efforts de lèche-babouches de Macron et que les macroniens appellent des « gestes »,
A savoir:
Le rapport Stora, copieusement injurié,
La réhabilitation de Maurice Audin,
On est en droit de se demander si ça cessera un jour. 

Pour mettre fin à une rancune, il faut être 2. 
Du côté algérien, il n’y a pas de réponse. 

Il est évident que l’intérêt de l’Algérie c’est la délivrance des visas. 
Et pour la France, c’est le remplacement du gaz russe par du gaz algérien. 
Ceux qui prétendent que ce voyage n’a pas pour but un échange « visa contre gaz » sont soit de mauvaises foi, soit naïfs. 

On voit donc que l’Algérie ne peut pas renoncer à ses accords avec la France si proche,

Et que la France ne peut pas se passer de ce gaz de proximité.

En parlant vulgairement, l’Algérie adore détester la France autant que les Juifs.

On se demande si Macron l’a compris.

© René Seror