En 2017, Mahvash Sabet était libérée après 10 ans d’incarcération et de mauvais traitements à la prison d’Evin pour son appartenance à une organisation de la communauté religieuse des bahá’í. Ce 31 juillet, la poétesse a été victime d’une nouvelle arrestation, avec deux autres membres du groupe dissous des « Amis de l’Iran ». Ils sont tous trois accusés d’espionnage. Inquiets, le PEN International et plusieurs centres PEN condamnent fermement cette interpellation jugée arbitraire.
Libérer l’écrivaine et poétesse Mahvash Sabet et mettre fin à la répression contre la communauté bahá’íe en Iran, voici ce que réclament les associations engagées pour les auteurs persécutés dans le monde. Selon le ministère iranien des Renseignements, ces trois individus seraient liés au Centre mondial bahá’í en Israël et auraient collecté des informations avant de les y envoyer.
Pour les centres PEN signataires du communiqué, « [l]a présence bahá’íe existait bien avant la fondation de l’État d’Israël, néanmoins, les autorités iraniennes ont longtemps utilisé des allégations “d’espionnage” infondées contre la communauté bahá’íe en Iran. » Ce centre bahá’í, situé dans les villes jumelles d’Akka et de Haïfa, constitue le cœur spirituel et administratif de cette communauté fondée par le Perse Mīrzā Ḥusayn-ʿAlī Nūrī, dit Bahāʾ-Allāh, en 1863.
Leurs arrestations surviennent au milieu d’une répression brutale contre le peuple bahá’í en Iran, où les autorités détiennent plusieurs militants, ont fermé des dizaines d’entreprises bahá’íes et démoli leurs maisons. La première libération des prisonniers en 2008 avait fait espérer un traitement plus égalitaire de cette communauté installée dans plus de 189 pays.
Une martyre de la cause bahá’íe
D’abord enseignante et directrice de plusieurs écoles, Mahvash Sabet collabore aussi au Comité national d’alphabétisation d’Iran. La révolution islamiste de 1979 fait basculer son existence : elle est empêchée de travailler dans l’enseignement public en raison de sa religion. Elle a alors travaillé pendant 15 ans en tant que directrice de l’Institut bahá’í pour l’enseignement supérieur, qui propose un cursus alternatif aux jeunes bahá’ís.
Elle est incarcérée en mars 2008 à l’âge de 64 ans avec six autres membres du groupe des Yaran et condamnée à 20 ans de prison pour « collaboration avec des États ennemis » et « formation d’un groupe illégal ». Elle commence à y écrire de la poésie. Il en sortira un recueil de poèmes, intitulé Poèmes de prison et publié en France en 2016 aux éditions de l’Harmattan (trad. Mary et François Petit).
Membre honoraire du PEN autrichien et danois, elle reçoit en 2017 le prix PEN Pinter qui salue chaque année depuis 2009, le courage d’un auteur international.
Outre la demande de sa « libération immédiate et inconditionnelle », Le PEN International et les centres PEN signataires expriment « de sérieuses inquiétudes quant à la santé de Sabet au milieu de la prévalence continue des infections à Covid-19 dans les prisons et de la négligence médicale délibérée des autorités iraniennes ». L’autrice est aujourd’hui âgée de 69 ans.
Lointaine héritière d’un mouvement chiite ésotérique et mystique du XVIIIe siècle, plus de 100.000 centres bahá’ís, selon le centre mondial de Haïfa, existent à travers le monde. Cette religion récente s’appuie sur le Kitāb-i Aqdas, livre saint rédigé par son créateur Mīrzā Ḥusayn-ʿAlī Nūrī.
[Crédits : englishpen1921 (YouTube) – source : http://www.actualitte.com]
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