Les bras m’en tombent. Samedi 20 Aout.
J’ai vu que Christine de chez And the Queens se “genrait masculin”. J’en suis fort aise mais ça ne va pas bouleverser mes flux de testostérone.
Pour ce qui concerne cette information, je suis joyeux de me les battre, comme elle saura bientôt le faire. Je pense publier un faire-part tous les jours pour faire un état des lieux de ma machine. Je ne crois pas devenir Denise ( (And the Kings) de si tôt, mais restons vigilant avec cette épidémie.
Pour l’instant je suis mâle, me sens tel, n’ai jamais eu de doute sur la question. Et pas le besoin d’affecter des foucades pour dire que j’en change.
Considérer le genre comme une perruque c’est un poil risible non ?
Donc on a été avalé par la baleine comme Pinocchio, l’autre jour quand un ouragan s’est abattu sur les Sanguinaires. Les îles n’ont pas bougé, pince-sans-rire, mais on a vu des arbres s’envoler par la racine, qui est un bon entraînement pour identifier les espèces quand on sera six pieds sous terre.
C’était plus qu’un orage, ou alors c’était UNE orage, après qu’on lui a dit qu’on partait avec le père de ses nuages.
Figurez-vous que ce matin là j’étais nu sur mon balcon (il n’y aura pas de photos, sorry) à siroter mon café et à grignoter mon pain grillé. Il devait être dans les 7h45, et en général, dans ces eaux-là je suis en décalage horaire. J’avais donc ma tête de veau faisandé et je regardais côté Sanguinaires un nuage noir, façon Soulages, haut comme le dernier étage de chez Jehovah, qui avançait à la vitesse des taux d’intérêt de ma banque.
Sans rire, j’avais 1,5 de QI, seule une zone infime de mon cerveau avait ouvert le rideau, et je n’en croyais pas mes yeux. Mais j’étais loin de me douter…
A un moment je me suis dis que j’allais mettre un pagne car c’était forcément la raison pour laquelle cette géante libidineuse avançait vers moi, portée par ses chaleurs.
C’est le moment où j’ai vu la ligne de la dépression sur la mer. D’un côté le golfe était bleu marine, de l’autre il était blanc d’écume.
Ca m’a un peu inquiété : non seulement une orage mais en plus dépressive, pour ce qui me concerne j’ai déjà donné. Je me suis levé, pareil à Hercule quand il a bu douze bouteilles d’Orenga (mon vin blanc corse préféré), et je me suis préparé à rentrer mon petit plateau. Et là, je me suis pris le blast.
Imaginez quand Wotan tousse : 160 km/heures de vent dans ta gueule.
J’ai réussi à rentrer, couvert de beurre et de café, enmiété de partout, serrant les genoux pour pouvoir procéder à l’évacuation sans omettre mes bijoux. J’ai fermé la porte-fenêtre et regardé la rage de l’orage. J’avais récupéré mon cerveau. Les arbres bougeaient comme des lianes, ils se battaient comme des chiffonniers, et le nuage s’était assis sur nous, il avait un gros cul.
Je pense que si je m’étais ramené les croissants pour me réveiller et me faire la surprise, j’aurais décollé avec Prozerpine. Va savoir où on m’aurait retrouvé.
© Denis Parent
La Chronique de Denis Parent « Les bras m’en tombent », que tous ses lecteurs assimilent à ses humeurs, est née il y a trente ans dans « Studio Magazine », où l’auteur nous entretenait de cinéma
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