
Chaque jour du mois d’août, Tjinfo propose à ses lecteurs un article qui les a réunis
Juifs de cour et Juifs tout court, suite, par Sarah Cattan
Tribune juive aura suivi l’Affaire Georges Bensoussan, dès que, peu après la diffusion de l’émission Répliques sur France Culture, l’Historien, Responsable éditorial au Mémorial de la Shoah, eut à rendre compte des propos qu’il tint ce jour-là face à Patrick Weil.

Georges Bensoussan qui, citant le sociologue algérien Smaïn Laacher, ne faisait in fine que dire ce que devaient confirmer Aldo Naouri, Daniel Sibony, voire un Mohammed Sifaoui confronté à ses propres écrits, ce dont nous alertaient un Boualem Sansal, un Fethi Benslama ou un Kamel Daoud, se retrouva assis sur le banc-même où comparurent un Soral et un Dieudonné, à la XVIIème chambre, accusé qu’il fut d’avoir stigmatisé, essentialisé, que sais-je encore, bref d’être un salaud d’islamophobe.
Acculé donc à s’expliquer devant un très étrange attelage, où l’on vit s’acoquiner le CCIF, le MRAP, la LICRA, la LDH, jusqu’au Parquet qui se vautra en acceptant d’instruire un dossier vide et en permettant aux tenants de l’entrisme de mettre un pied de plus dans la place.
Deux fois relaxé. Lavé de cette injure suprême : Bensoussan n’avait fait que se livrer à une autopsie culturelle et en aucun cas biologique mais il fallut 2 ans et demi de procédures pour acter qu’en effet il faisait jour à midi.
L’affaire dans l’Affaire
L’Affaire aurait pu n’être que grave, et puis triste, voire effarante, consternante.
Il fallut pour notre malheur à tous qu’elle se doublât en guise de palimpseste d’une affaire dans l’affaire : l’on apprit en effet, un jour, bien plus tard, peu de temps avant la relaxe accordée à l’Historien, quelle fut, à son encontre, l’attitude des dirigeants du Mémorial qui, non contents de l’avoir peu à peu défait de ses fonctions, de toutes ses fonctions, s’acharnèrent jusqu’à se débarrasser définitivement de celui dont le nom est dans nos esprits à tous inséparable du Mémorial, ne reconduisant pas son contrat, lâchant celui dont ils firent un infréquentable, allant jusqu’à lui proposer une fête de départ avec remise d’une médaille : oublieux que Georges Bensoussan aura in fine été celui qui un jour sera reconnu comme étant à l’origine du Manifeste écrit par Philippe Vall, Manifeste que eux, comble de la farce, approuvèrent et signèrent, retenant seulement que l’Historien, leur ami Georges Bensoussan, avait failli en nommant l’islam perverti : le Mémorial ne voulait pas être mêlé à ça.
Veulerie et couardise
Quoi ? Ce lieu qui, lorsque nous l’évoquons, appelle aux yeux de tous L’Allée des Justes, Le Mur des noms, La Crypte, ce centre de documentation fondé clandestinement en 1943 pour réunir des preuves documentaires sur la destruction des Juifs d’Europe, Le Mémorial donc, était-il dirigé par des hommes faillibles, faillibles mais aussi sans courage, sans courage mais aussi lâches et veules, veules mais encore capables de penser comme pensèrent jadis ces Juifs de cour, conseillers des princes et financiers hors pair, si nombreux dans l’Allemagne des XVIIème et XVIIIème siècles, ces Joseph Süss Oppenheimer que l’on surnommait L’Empereur des Juifs et duquel parle Le Juif Süss, film[1] sorti en 1940, ces Juifs qui ne reculèrent devant rien pour s’assurer un statut enviable, un train de vie somptueux, prompts pour cela à ne jamais prendre une position qui pût les engager, prompts à oublier leur honneur, à y renoncer, rejoints par leurs pairs du Consistoire, la seule organisation juive de l’époque qui eût pu se mobiliser et peser, qui refusa en 1849 de venir en aide au normalien Isidore Cahen injustement sanctionné, le laissant veulement se faire radier des cadres parce que ce professeur avait refusé l’idée qu’un Juif ne pût être affecté en Vendée, région trop catholique pour accepter qu’un Juif y fût nommé, ces Juifs rejoints qu’ils furent enfin par leurs pairs qui abandonnèrent honteusement Le Capitaine Dreyfus, laissant l’affaire aux seules mains d’une poignée, d’un Mathieu Dreyfus ou d’un Bernard Lazare.
Si encore la farce s’arrêtait là…
Si encore la farce s’arrêtait là…
Non.
Ces messieurs du Mémorial, cette caste qui se prétend au-dessus des lois, ces auto-proclamés intouchables, osent tancer, voire menacer, tous ceux qui oseraient prendre position et montrer du doigt leur couardise et leur vilénie.
Comme ils vivent hors du siècle, ceux-là prétendent nous faire taire, usant de moyens innommables que n’aurait pas reniés le CCIF.
Ainsi, pressions, coups de fil, menaces de priver les journaux de leurs annonceurs, voire de leur poste ceux qui n’obtempéreraient pas, se succèdent.
Quoi ? Pliera-t-on devant cette menace venue de ceux dont tous auraient espéré le soutien ?
Donneront-ils raison à Waleed Al Husseini lorsqu’il affirme que si les islamistes parvenaient à islamiser le monde, cela tiendrait moins à leur force qu’à la lâcheté de leurs adversaires ? A Martin Luther King lorsqu’il expliqua avoir moins redouté ses ennemis que ses amis qui lui disaient d’attendre, d’être patient, que ce n’était pas encore le bon moment ?
Nous amèneront-ils à penser avec Théodore Herzl que pour les Juifs de France, ceux-là décidément sont un grand malheur…
[1] Film de propagande nazie. Tourné en 1940 sous la supervision de Joseph Goebbels dans les studios de Babelsberg.
Sarah Cattan
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