Souvenirs:
Vous avez 18 ans. Vous êtes pas très beau mais vous êtes sûr de l’être.
La longue marche des cloportes bronzés se regroupe vers une destination unique : une plage à moitié pourrie, mais qui a l’odeur du sable chaud et d’un eau tahitienne 50 ans plus tard.
Kherredine. Tu crois que c’est Bora Bora , quand tu en reparles à tes potes. Tes enfants, eux, ont regardé quelques vues sur Google, et s’inquiètent avec tendresse de l’état de ta mémoire.
Même cette plage, qu’aucun plagiste de La Grande Motte n’oserait prendre en location saisonnière, les usagers s’en souviennent avec émotion.
Quelle émotion, brabbi? L’émotion de tes premières glibettes? Ou celle de ta premiere claque quand elle t’a dit non pour la troisième fois? Tu as mis « tapis », en fait, sur comment tu racontes l’histoire; pas comment « fut » ( excuze mi , je voulais pas exagérer la grammaire) l’histoire.
Alors la vérité c’est que tout était affreux: l’eau, le sable, les cris aigus, les lourds ( en poids et surtout en lourdeur), l’état du bâtiment blanc beige à stock de boissons …
Mais les tunes sont spéciaux… On s’en fichait.
Parce que la vie , ce n’est ni la couleur de l’eau, ni la propreté du sable, quand tu partages un fou rire toutes les 10 minutes, ou quand tu réinventes un monde à venir avec douze clochards, treize toi compris.
Le jour où les non tunes pourront accéder à la compréhension d’une spiritualité du kif , sans lien avec Dollar, Ferrari, ou « mon père c’est », ils gagneront énormément. Un marocain écrira peut-être alors un livre : « Je crois qu’ils sont presque aussi intelligents que nous »…
Mes souvenirs sont mille fois cet extrait .
Ils sont le reflet de la réalité des lieux du quotidien. Mais on s’en fiche.
L’essentiel est de se souvenir avec le coeur.
José Boublil
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