Au cœur de l’été, un groupe de 37 députés de la NUPES – 21 communistes, dont Fabien Roussel, dix insoumis, dont Adrien Quatennens, quatre écologistes et deux socialistes – a déposé une proposition de loi, rendue publique vendredi dernier. Ils y enjoignent leurs collègues de prononcer, au nom du peuple français, une condamnation à l’égard d’un État particulièrement détestable.
Sur quel régime odieux, quel infâme dirigeant y avait-il urgence à jeter l’opprobre ? Sur la Russie de Poutine et sur sa sale guerre pavée de crimes abjects ? Pas du tout. Était-ce alors l’Iran des Ayatollahs, qui vient de jeter dans les geôles de Téhéran trois cinéastes, dont le grand Jafar Panahi, où ils ont rejoint tant d’autres Iraniens détenus arbitrairement ? Que nenni ! S’agissait alors de fustiger le régime moyenâgeux des Talibans afghans, qui interdisent aux filles d’aller à l’école et d’être autre chose que reproductrice et servante ? Pas le moins du monde. Était-ce une dénonciation du génocide de la minorité musulmane Ouïghoure, par le régime chinois de Xi Jinping ? Eh bien toujours non.
Le pays à clouer au pilori au nom de la France ? Israël. Les 37 ont proposé que le parlement français condamne « l’institutionnalisation par Israël d’un régime d’apartheid à l’encontre du peuple palestinien ».
Entendons-nous bien : l’auteur de ces lignes ne prétend pas que tout va pour le mieux en Israël. Il se désole de voir Israël grignoter les territoires palestiniens, rendant impossible la solution à deux États. Mais il voit aussi le Hamas islamiste entretenir le cycle de la violence. Il voit les attentats en Israël, la seule démocratie du Moyen-Orient, où un parti musulman participe à la coalition gouvernementale, où la population arabe israélienne élit des députés à la Knesset.
Qu’apporterait le vote d’une telle résolution ? Rien. Ou plutôt si : cela jetterait de l’huile sur le feu, alors que la communauté juive s’inquiète de la montée des actes antisémites, des cris « Mort aux juifs » qui jaillissent dans des manifestations propalestiniennes. Le CRIF fustige d’ailleurs « un antisémitisme qui s’affuble du masque de l’antisionisme ».
Les descendants français de l’immigration maghrébine ont fait depuis des décennies du conflit israélo-palestinien une part de leur identité fantasmée. C’est ce terreau que les 37 députés ratissent, dans les quartiers où l’on ne vote pas, dans ces territoires perdus de la République, où la haine d’Israël est le pendant du communautarisme.
Cette proposition n’a aucune chance d’être adoptée à l’Assemblée. Le député socialiste Jérôme Guedj s’interroge : « Je ne comprends pas en quoi une telle mise au ban d’un État fait avancer d’un millimètre la paix ».
On suggère une explication : c’est un tout autre objectif qui est visé, bassement électoraliste.
© Jean-Marcel Bouguereau
Edito de La république des Pyrénées
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