
Je n’ai pas besoin de faire un dessin sur le rôle désastreux des USA de par le monde, — pas seulement avec l’Irak, mais partout, et en Amérique Latine (ne remontons pas jusqu’au Vietnam, mais, naturellement, ça vient de bien avant le Vietnam)…
Et je ne parle pas du rôle qu’ont joué — que jouent — les USA pour freiner la lutte contre le réchauffement climatique, et bien avant Trump. Et de celui des grandes entreprises américaines.
Mais il faut bien que je constate une évidence en miroir : la guerre, en ce moment, en Ukraine, elle fait rage pourquoi ? Pour une raison, et une seule. —
Parce que l’OTAN n’a pas voulu de l’Ukraine. Pas du tout parce que, comme l’affirme Poutine, et comme le reprennent en chœur ses thuriféraires, l’OTAN a mené une politique d’expansion. — Ou plutôt, si bien sûr que l’OTAN a mené une politique d’expansion, comme tout corps politique, militaire et économique, constitué (comme la Russie, comme — avec une autre ampleur ! —la Chine).
Mais quel est le paradoxe ? Avons-nous nous vu un seul pays qui ait voulu se précipiter sous les ailes du « grand frère russe » ? Pas seulement maintenant, mais dans toute l’histoire récente, et dans toute l’histoire de l’après-guerre ?
Bien sûr que non. Les, rares, pays qui se tournaient vers l’URSS, tous, sans aucune exception, étaient non seulement dictatoriaux (comme, souvent, de part le monde, les régimes soutenus par les USA) mais totalitaires (c’est-à-dire qu’ils effaçaient toute sphère privée).
Au contraire, nous avons vu des pays qui essayaient, par tous les moyens, de se libérer de cette « protection ». Nous l’avons vu en Hongrie en 56, en Tchécoslovaquie en 68, en Pologne en 79-80.
Et pouvons-nous dire que nous ne comprenons pas pourquoi ?…
Poutine justifie son agression par l’expansion de l’OTAN. Mais l’OTAN est restée aux portes de la Russie depuis des décennies. Et la Turquie, on ne cesse de le rappeler, est un membre éminent de l’Alliance atlantique.
Et quel rôle a joué l’OTAN aux frontières russes ? Est-ce qu’elle a tenté, d’une façon ou d’une autre, de renverser le pouvoir de Poutine ? Est-ce qu’elle a manigancé des prises, je ne sais pas, de territoires ? Non. Bien sûr qu’il y avait menace militaire, et course aux armements.
Mais, en Europe, on peut dire ça : jusqu’au 24 février, c’est l’OTAN qui a été la meilleure alliée de Poutine. Oui, j’écris ça comme ça. Parce que, dans les faits, c’est l’évidence. Je le rappelle, encore une fois, c’est l’OTAN qui, pendant des années et des années (je devrais dire des décennies) a refusé catégoriquement toute adhésion de l’Ukraine, comme de la Géorgie, ou de qui que ce soit. Parce que l’adhésion à l’OTAN ne signifie pas seulement la soumission aveugle aux USA, mais aussi une protection contre l’expansionnisme russe.
Je ne dis pas que l’OTAN garantisse la démocratie à tous ses membres, — l’exemple turc est là pour prouver le contraire. Non. Mais le fait est là : la plupart (et de très loin) de ses membres sont des démocraties parlementaires, et, quoi qu’on dise, même si la misère accable des millions de personnes chez nous, eh bien, en Russie, elle en accable bien davantage…
Je l’ai déjà dit, souvent, mais il faut bien que je le redise. — La Russie, par cette guerre, a remis les USA au centre absolu. Et ce n’est même pas un paradoxe : de la même façon que l’OTAN avait jusqu’à présent (pendant vingt ans) garanti la stabilité de la dictature russe, quel est, aujourd’hui même, le meilleur agent des USA dans le monde ? Poutine.
© André Markowicz