Assise à la table de la salle à manger, Clara attrapa son relevé de notes du baccalauréat. Ce mercredi 20 juillet, quinze jours après les résultats, le lycéen a refait les comptes à l’oral : « Alors, philo, j’avais 18/20. Au grand oral, 20/20. En histoire-géo, c’est là que j’ai ma plus mauvaise note, 16,90/20″. L’anglais avec 19,50/20 et les maths avec 19,90/20 complètent le tableau.
Des résultats exceptionnels qui ont permis à la Brestoise de décrocher son bac avec la remarquable moyenne de 18,55/20.
« Très bien », dites-vous. Certains auraient même pu lui adresser leurs félicitations.
Pour Clara Esteveny, il n’en est rien. La jeune femme, âgée de 19 ans, est tout simplement « admise » au baccalauréat. Aucune mention ne lui a été faite.
« Quand on a découvert ça, le 5 juillet lors des résultats du bac, on s’est imaginé qu’il y avait un bug informatique », rembobine Anne-Marie Gourmelon, la maman de Clara. « Comment est-il possible d’avoir le bac avec une moyenne de 18,55 et de ne pas avoir de mention ? Cela semble complètement absurde ».
Deux ans loin de l’écoleAu lycée Dupuy-de-Lôme de Brest, où Clara vient de valider son bac ST2S (Santé et sciences et technologies sociales), l’incompréhension était également totale le 5 juillet. « C’est une situation qui n’arrive jamais. On s’est immédiatement rapproché du service des examens pour essayer de comprendre », raconte Cécile Bailly, directrice adjointe de l’établissement de la rive droite à Brest.
« Les mentions ne sont accordées qu’aux candidats qui réussissent toutes les épreuves au cours d’une même session ».
Alors pourquoi ce brillant élève n’a-t-il pas pu obtenir de mention, malgré une telle moyenne ?
« Cette situation correspond aux exigences réglementaires », répond le Rectorat d’académie. « Les mentions ne sont accordées qu’aux candidats qui réussissent toutes les épreuves au cours de la même session.
Le code de l’éducation prévoit qu’aucune mention ne peut être attribuée aux candidats qui ont demandé à conserver le bénéfice des notes acquises lors d’une précédente session.
Clara Esteveny a été contrainte de passer son bac en deux étapes. Ni à cause de notes inférieures à la moyenne, ni par choix. Frappée par une maladie, la lycéenne a dû suspendre ses études après les épreuves du bac français, en juin 2019, alors qu’elle était en classe de première.
Pour reprendre le fil de sa vie de lycéenne en terminale, à la rentrée de septembre 2021. Deux années durant lesquelles la Brestoise a subi plusieurs périodes d’hospitalisation, l’éloignant des bancs de l’école.
« Clara voit cela comme une injustice, d’autant plus que c’est lié à ses problèmes de santé. C’est totalement absurde, on est dégoûté » » Si j’avais su…
« La réponse à la question est donc là : les notes au test de français (20/20 oral, 17/20 écrit), obtenu il y a trois ans, privent Clara d’une mention.
» Ça n’a aucun sens. Si j’avais su qu’il n’y avait aucune mention à l’arrivée, j’aurais demandé à reprendre cette matière », déplore la lycéenne, qui va intégrer l’Ifsi (Institut de formation en soins infirmiers) de Morlaix.
« Obtenir une mention peut sembler symbolique. Mais pour moi, c’est plus que ça. C’est compliqué de reprendre le chemin de l’école après deux ans d’hospitalisation, d’examens en tout genre. C’était une forme de récompense, de fierté d’être revenu après ce que j’ai vécu ».
A ses côtés, sa mère Anne-Marie, insiste : « Clara vit cela comme une injustice, d’autant que c’est lié à ses problèmes de santé. C’est totalement absurde, nous sommes dégoûtés.
Pour plaider sa cause, la future étudiante infirmière a envoyé une lettre au Rectorat. Entre deux rappels, Clara reviendra cette semaine à l’hôpital de Morlaix, où elle travaille comme agent de service hospitalier tout l’été.
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