Yana Grinshpun. Les fanatiques anti-Juifs juifs

Il existe des fanatiques anti-juifs qui se disent Juifs. Certains récusent toute forme de lien avec le judaïsme, d’autres souhaitent que l’Etat d’Israël diparaisse de cette terre pour qu’ils puissent vivre tranquilles.

Certains parmi eux se disent « pacifistes », d’autres font procès à leur pères qui ont fait la guerre de 1948 et leur reprochent de faire des victimes, car les Juifs doivent être « non-violents ». (On se demande pourquoi). Cela donne des Gilad Azmon, des Shlomo Sand, des Ilan Pappé, des Esther Benbassa, des Gilad Azmon qui font de leur antisionisme virulent leur fond de commerce. Je remarque aussi qu’il s’agit le plus souvent des Juifs ashkénazes qui s’adonnent à cet antisionisme malade. Malade de sa propre identité.

J’aimerais citer à leur propos Daniel Sibony, qui a finement analysé ce phénomène. Voici un extrait de Proche-Orient Psychanalyse d’un conflit. ( éd. Seuil p. 191-192, 2003)

« Mais essayons de comprendre le mécanisme par leqel certains Juifs combattent violemment Israël (souvent après s’être assurés que ce combat ne nuira pas à l’Etat Juif, que c’est seulement pour l’équilibre de leur personne). Les descendants de l’Holocaust sont irrités à l’idée d’une solution du problème juif, tant ils sont obsédés par la « Solution finale ». On peut tenter de les calmer: « Rassurez-vous, Israël ne résout rien, ce n’est pas l’accomplissement de la judéité , c’est un autre inaccomplissmeent , différemment intéressant… » , mais rien n’y fait; ils sont furieux à l’idée que les « Juifs » trouvent quelques part le repos et déposent leur Question. Pourtant, eux aussi se reposent beaucoup sur cette idée du Juif-toujours-en-question, non sans complaisance , en confiant leur judéité à l’adversaire: si le vrai Juif est le Palestinien, on peut être tranquille, il n’y aura pas de solution. En cela, ils réitèrent le geste typique des Juifs : sa judéité ne lui appartient pas; mais eux vont plus loin: ils la mettent aux mains de l’ennemi.

De fait, ces Juifs sont assez mortifiés, consciemment ou pas. Ils reprennent à leur insu les cris des vieux prophètes: Dieu vous chassera de cette terre si vous continuez!… Ils incarnent inconsciemmen la tâche du Dieu d’Israël: combattre son peuple pour le châtier, l’épurer, le redresser. Quand un Finkelstein, dont les parents ont été à Auschwitz, s’active à inscrire l’équation « étoile juive =croix gammée », il est sous le coup du nazisme, il y obéit : le Juif vainqueur est exclu de sa pensée; ça ne peut être qu’un salaud; et s’il ignore, c’est qu’il est un nazi. Les prophètes bibliques disaient au peuple: Dieu vous chassera de cette terre si vous persistez à mal faire. Les Juifs antisionistes lui disent: les Arabes vous chasseront de cette terre. Ils idéalisent l’objet hostile, ou s’idéalisent eux-mêmes négativement. Mais c’est la même prétention narcissique: si c’est nous qui donnons à l’ennemi le pouvoir, il nous aimera, il ne sera plus notre ennemi, il nous fera un bel Etat démocratique, libre, juste, comme il n’y a pas au monde; si c’est nous qui lui donnons raison, comment pourrait-il nous donner tort?

Avec le retour du peuple juif, une idée de « solution » est apparue, une autre priste, précaire et limitée, mais c’est déjà trop pour eux: ils voient se perdre l’image du Juif réclamant la justice, donc victime d’injustice. Pour eux « le Juif » est symbole non pas de la justice mais du geste de la reclamer. Et ce symbole serait perdu, dans ce schéma où il n’y a que des victimes et des bourreaux; schéma pratique pour certains tiers européens qui eux, sont spectateurs. Ils transfèrent donc l’image du Juif sur le Palestinien, c’est lui le vrai Juif, victime de l’injustice visible, chassé de son lieu, réféugié, errant perpétuel.

En quoi ils paient pour leur idée étroite du Juif: pour eux, ce qu’il a apporté avec l’idée de terre promise (ou symbolisée) c’est le fait d’en être chassé. Si cela chasse quelqu’un d’autre, c’est lui le vrai Juif. Il y a là, aussi, un traumatisme de la solution ; si le Juif trouve une solution, c’est qu’elle est abérrante.

Des Juifs qui ont ressenti la menace de l’Effacement, ne voyant pas en quoi peut consister leur judéité mis à part ce risque d’être effacé, sont guetté par l’effacement de l’intérieur et n’ont pu qu’être angoissés par l’image de l’Israélien-qui, en principe, n’a que des problèmes de fonctionnement, avant de voir qu’ils peuvent être des questions d’existence. Ils furent donc angoissés par cet homme rangé, au drame invisible, et fascinés par l’idée de se donner à ceux dont le désir est justement de les effacer en tant que peuple. Un peu comme l’oiseau qui se jette dans la gueule du chat avec l’idée confuse que ça peut étouffer le chat. […]. Refusant de voir dans Israël l’accomplissement du destin juif, ils lui refusent toute prise de part à ce destin; à la limite, ils dénient aux Israéliens le nom de « Juifs ». Du coup, c’est en se démarquant d’Israël qu’ils s’affirment , eux, comme les vrais Juifs; même s’ils n’ont à mettre sous ce vocable que des valeurs « chrétiennes »: la victime a raison, le pauvre est déjà lesé d’être pauvre, il faut lui donner ce qu’il demande, c’est lui qui dit la justice. (En contraste avec la vieille parole biblique: dans le jugement ne sois pas séduit par le pauvre, mais rends-lui justice. Autrement dit, ne prends pas tes bons sentiments, ta complaisance narcissique pour de la justice.) Ces Juifs se veulent donc accomplis, sur le mode un peu christique, à ceci près qu’en général ce n’est pas eux qu’ils sacrifient, c’est l’autre Juif, le mauvais. » 


Ci-dessous extrait d’un échange avec Rony Brauman, Michèle Sibony (elle n’a rien à voir avec le psychanalyste et philosophe Daniel Sibony cité ci-dessus), deux juifs antisionistes,- et Georges-Elia Sarfati et Martine Gozlan. Georges-Elia Sarfati fait l’analyse du discours de Michèle Sibony, juive antisioniste, en direct.

J’aurais voulu joindre à ce texte la vidéo entière de l’émission, mais elle est introuvable sur le net.

© Yana Grinshpun

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Yana Grinshpun

Linguiste, analyste du discours, Maître de Conférences en Sciences du Langage à l’Université Paris III-Sorbonne Nouvelle UFR Littérature Linguistique Didactique, Yana Grinshpun est particulièrement intéressée par le fonctionnement des discours médiatiques et par la manière dont se présentent les procédés argumentatifs dans les discours de propagande. Elle co-dirige l’axe « Nouvelles radicalités » au sein du Réseau de Recherche sur le Racisme et l’Antisémitisme (RRA)

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1 Comment

  1. Le libre arbitre a été donné à l’homme-Adam, ces individus ont choisi d’être en dehors du judaïsme, c’est leur choix.
    Le libre arbitre aussi doit s’exercer au sein du judaïsme, pourquoi ne pas prononcer un hérem contre eux et les chasser du judaïsme et s’ils sont en Israël les déchoir de leur nationalité (oui, dans ce cas je relie le spirituel au législatif) ainsi ils ne pourront se prévaloir de la loi du retour, qu’ils aillent ailleurs au lieu de souiller cette terre? Quant aux autres qui vivent en dehors et qui font le plaisir des pays musulmans et gauchistes par leur engagement contre Israël ; qui se ressemble s’assemble, c’est leur problème, Dieu saura reconnaître les siens !

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