Leslie Hirschfeld et Andrew Lapin/ JTA / 5 juillet
Reportage réalisé en collaboration avec Jewish Chicago: The JUF Magazine
HIGHLAND PARK, Illinois (JTA) – Lindsay et Matt Meltzer s’attendaient à une belle affluence ce 4 juillet. Lindsay avait démissionné de son poste à la Jewish United Fund of Metropolitan Chicago pour réaliser son rêve : ouvrir Bright Bowls, débit de smoothies végans et club de fitness. Les festivités du 4 juillet avaient lieu pour la première fois depuis l’annulation en 2020 en raison de la pandémie.
Le défilé commence avec Freylekhs fun der Khupe (bonheur sous le chupa) interprété par la Maxwell Street Klezmer Band. Candice Crane, entrepreneur juive, remarque en souriant : « Le klezmer band ! Only in Highland Park ! »
Soudain, Lindsay voit les musiciens de la Highland Park High School Band s’enfuir à toute vitesse. Elle se dit : c’est une fusillade. Un policier à vélo arrive, criant à tout le monde de se réfugier. Les Meltzer accueillent plus d’une centaine de personnes dans leur vaste sous-sol. Parmi eux, une institutrice juive ayant suivi une formation pour ce genre de crise, organise des jeux pour les enfants et rassure tout le monde.
Howard Prager, qui joue du tuba dans l’orchestre, voit les gens courir, terrorisés. Il pense avoir vu le tireur se sauver. Crane, séparée de son mari dans la bousculade, se cache avec leur fillette de 6 ans dans un magasin désaffecté ; son mari et leur enfant d’un an sont, eux, accueillis dans l’appartement d’un inconnu. La fusillade se déroule à 5 minutes de la maison de la famille Crane.
Il y a eu des douzaines de blessés et sept tués, dont: Katherine Goldstein (64 ans), Irena McCarthy (35 ans), Kevin McCarthy (37 ans), Stephen Straus (88 ans), Jacki Sundheim (63 ans) et Nicolas Toledo-Zaragoza (78). pages GoFundMe circulent aux bénéfices des victimes et des survivants, dont l’enfant de deux ans des McCarthy, remis aux mains de ses grand-parents maternels, Nina et Misha Levberg.
La moitié des 30,000 résidents de Highland Park, un faubourg tranquille de Chicago, sont juifs, dont beaucoup d’Israéliens. Traumatisés par l’attentat, ils ont provisoirement fermé les centres de loisirs, annulé d’autres activités et organise des offices spéciaux dans de nombreuses synagogues.
La North Shore Congregation Israel de Glencoe a identifié parmi les victimes, Jacki Sundheim, maîtresse de maternelle et coordinatrice des b’nei mitzvah à la synagogue. La congrégation, frappée d’un deuil profond et indicible, a annoncé une office de réconfort et consolation mardi soir, suivi d’une cérémonie à la mémoire de Sundheim vendredi. Selon le rabbin Steven Lowenstein trois membres de la synagogue Am Shalom (Reform) de Glencoe ont été blessés, dont deux hospitalisés. Des offices spéciaux sont prévus à la grande synagogue Conservative, la North Suburban Synagogue Beth El. Par ailleurs, le rabbin Evan Moffic du Makom Solel, Lakeside, (Reform) nous dit que le militant pour la justice raciale, Jesse Jackson, assistera probablement à la veillée de prières mercredi. De nombreux dirigeants spirituels locaux nous disent que, sans spéculer sur la motivation du tueur, les membres de leurs communautés sont saisis d’un sentiment d’insécurité. Rabbi Jodi Kornfeld de la Beth Chaverim Humanistic Jewish Community de Deerfield observe : Notre sensibilité juive est ravivée devant ces incidents ».
Moffic, contributeur de longue date au MyJewishLearning, sur le site sœur de la JTA, interviewé au lendemain de l’attentat par la radio publique WBEZ, a dit qu’il se sent personnellement en sécurité en tant que juif dans la communauté. Mais les Juifs sont touchés psychiquement, c’est pourquoi des systèmes de sécurité sont en place à la synagogue. D’autres rabbins témoignent que les membres de leurs synagogues, physiquement indemnes, sont blessés psychologiquement.
Les autorités locales ne se sont pas encore prononcées sur une éventuelle motivation antisémite, mais au moins un rabbin de Highland Park les a informé que le suspect–qui a planifié l’assaut pendant plusieurs semaines—avait visité une synagogue, à titre personnel.
Cité par le site d’information orthodoxe Anash, Yosef Schanowitz, rabbin du Highland Park Chabad, a dit que le suspect a été refoulé par un agent de sécurité armé pendant le seder cette année. Un porte-parole nous apprend que le site est couvert par la vidéo surveillance, sans préciser si l’incident en question a été filmé. L’agent de sécurité, cité dans le Forward, a raconté que le suspect était venu pendant la Pâques juive, a donné son nom et est resté dans le sanctuaire pendant 45 minutes. Il n’y pas d’autres signalements par des synagogues du North Shore contactées par la JTA.
Le suspect avait acheté en toute légalité son fusil d’assaut, soulevant encore une fois le débat sur le contrôle des armes à feu, un sujet qui divise également la communauté juive de Highland Park. En 2013, Arie Friedman, pédiatre et membre de Beth El, avait assigné la municipalité en justice, se plaignant que l’interdiction des armes à feu à Chicago le privait de ses droits sous le deuxième amendement. Candidat en 2010 à la Chambre fédérale, en 2012 au Sénat de l’Etat de l’Illinois et depuis longtemps militant au sein de l’antenne de Chicago de la Republican Jewish Coalition, il avait porté l’affaire jusqu’à la Cour Suprême qui l’avait débouté en 2015.
Marcia Balonick, elle aussi juive, militante en faveur de l’interdiction, est directrice exécutive du JACPAC (Joint Action Committee for Political Affairs) un lobby pro-Israël de gauche dont le QG se trouve à Highland Park. Balonick avait participé au défilé, montée sur un char avec son fils, son petit-fils et l’équipe de baseball de celui-ci. Elle a vu le massacre devant ses yeux. Choquée de voir le sang couler dans les rues de son quartier, elle a promis que JACPAC sera plus que jamais déterminé à soutenir des élus au Congrès qui mettront fin à cette violence avec une interdiction d’armes de guerre. D’autres groupes juifs, dont le Rabbinical Assembly du mouvement Conservative, abondent dans ce sens. L’Assemblée a rédigé un communiqué déplorant le massacre, conséquence de l’échec du contrôle des armes à feu au niveau national.
Des Juifs du quartier qui se sont sauvés, ou encore qui ont porté secours aux autres, sont bouleversés de voir leur havre de paix devenu une scène d’horreur. Lindsay Meltzer se dit horrifiée par ce qui s’est passé dans cet endroit qu’elle adore, où elle avait choisi avec son mari Matt de fonder leur famille. Prager, qui fait partie régulièrement du minyan des offices de Kaddish virtuels organisés par MyJewishLearning, dit qu’il trouve réconfort dans les rituels juifs en temps de crise. Il se dévoue à promouvoir des interactions positives avec autrui à travers son livre, Make Someone’s Day. « Il nous faut trouver des moyens de s’entraider, surtout par ses temps éprouvants, en cherchant à remonter le le moral des gens, à prendre soin les uns des autres ».
Récit produit en collaboration avec Jewish Chicago: The JUF Magazine. Son journaliste, qui fait partie depuis longtemps de la communauté juive de Highland Park, a des liens personnels avec plusieurs personnes interviewés et au moins l’une des victimes.
Avec la collaboration de Jackie Hadjenberg et Asaf Shalev, journalistes de la JTA.
© Nidra Poller
L’agent de sécurité: le suspect dans la fusillade du 4 juillet à Highland Park était venu à la synagogue faire des repérages
Louis Keene / The Forward / 5 juillet
Martin Blumenthal, le directeur bénévole de la sécurité à la synagogue Chabad, croit que le suspect de la fusillade meurtrière du 4 juillet à Highland Park était venu « repérer» les lieux. Robert E. Crimo III s’est présenté le dernier jour de la Pâque juive, habillé de noir jusqu’aux gants, dans le style gothique et portant un sac à dos. Il n’avait pas le profil du milieu Chabad. Blumenthal a palpé le sac sans y trouver d’armes. Le jeune homme s’est identifié comme Bobby, un voisin du quartier et s’est installé dans le sanctuaire où il est resté pendant 45 minutes avant de repartir à vélo. Blumenthal ne l’avait pas quitté des yeux.
Tout en étant persuadé des intentions de Crimo, Blumenthal n’avait pas vérifié son identité ni informé la police, parce que le jeune homme n’avait rien fait d’illégal. L’agent de sécurité pense avoir agi comme il fallait.
Security director: Suspect in July 4 Highland Park shooting was ‘sizing up’ synagogue – The Forward
Nidra Poller
Nidra Poller, née aux Etats-Unis dans une famille d’origine mitteleuropéenne et posée à Paris depuis 1972, est une romancière devenue journaliste, le 30 septembre 2000, par la force des choses, dit-elle, par l’irruption brutale, dans mon pays d’adoption, d’un antisémitisme génocidaire, Nidra Poller est connue depuis comme journaliste, publiée entre autres dans Commentary, National Review Online, NY Sun, Controverses, Times of Israel, Wall Street Journal Europe, Jerusalem Post, Makor Rishon , Causeur, Tribune Juive, Pardès …
Elle rédigea longtemps le vendredi une Revue de la Presse anglophone pour la newsletter d’ELNET.
Elle est l’auteur d’une œuvre élaborée en anglais, en français, en fiction et en géopolitique, dont L’Aube obscure du 21e siècle (chronique), madonna madonna (roman), So Courage & Gypsy Motion (novel)
J’assume la contradiction, ajoute Nidra, me disant romancière mais pas auteure.
Observatrice des faits de société et des événements politiques, elle s’intéresse particulièrement aux conséquences du conflit israélo-palestinien et aux nouvelles menaces d’antisémitisme en France. Elle fait partie des détracteurs de Charles Enderlin et France 2 dans la controverse sur l’Affaire Mohammed al-Durah et soutient la théorie d’Eurabia (en particulier avec Richard Landes).
Elle a fondé les Éditions Ouskokata.
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