Maxime Tandonnet. Quelle ligne pour la droite républicaine?

Mercredi 6 juillet, la Première ministre Elisabeth Borne présentera sa déclaration de politique générale à l’Assemblée et au Sénat. Dans un futur imaginaire où la droite se refondait et distinguait de l’actuelle majorité, quelles seraient ses intentions sur le régalien ?

Il est certain que la réponse aux attentes des Français sur le régalien est un enjeu crucial pour la droite dans la perspective d’une reconquête de l’opinion, en particulier sur l’autorité de l’Etat, la sécurité et la maîtrise de l’immigration.  Les propositions de réformes sont connues et elles sont apparues à maintes reprises dans les projets de LR notamment aux dernières présidentielles. L’enjeu essentiel se situe ailleurs. Il est dans la crédibilité à mettre en œuvre ces réformes et à les faire appliquer. Aux dernières élections nationales, présidentielles comme législatives, la droite n’a pas réussi à regagner la confiance de l’électorat en particulier sur le régalien. D’abord il lui faut réussir à mettre en avant une équipe assez solide et unie pour entraîner un mouvement de confiance dans le pays. Tel est évidemment le plus difficile… Sur le plan des idées, la bonne méthode est de valoriser quelques mesures phares par exemple des peines planchers pour les auteurs de violences aggravées et les récidivistes ou la lutte contre les filières esclavagistes en Méditerranée, puis de s’engager sur un calendrier resserré à les mettre en œuvre quelles que soient les circonstances.

Cette nouvelle droite aurait-elle de nouvelles idées pour refonder le système éducatif ?

En matière éducative, la question essentielle ne me semble pas tenir au futur système ou aux institutions, ni à des modalités d’organisation. Elle est dans la définition d’un objectif fondamental : le redressement scolaire. Pour cela il faut effectuer un choix politique majeur. La droite doit rompre avec la philosophie du nivellement par le bas dans un but égalitariste. Le slogan de 80% d’une classe d’âge au niveau du bac, fondateur de toutes les politiques depuis les années 1980, est trompeur et s’est traduit par l’effondrement du niveau du bac et des études. Il faut réhabiliter l’idéal du mérite et de l’élévation par le savoir et l’intelligence. Tout est une affaire d’état d’esprit : l’excellence doit redevenir le cœur de la philosophie de l’éducation nationale. Quelques principes simples : on n’entre pas en sixième sans avoir acquis les fondements de l’écriture et de la lecture ; on n’obtient pas le bac sans la maîtrise de l’orthographe. Il faudra rehausser le niveau d’exigence des diplômes, restaurer l’enseignement des mathématiques et du latin, et la culture générale dans les concours. L’égalité des chances authentique passe par le renouveau de la notion de mérite intellectuel et non par le bradage des examens et des diplômes qui débouche sur un retour de la sélection par l’argent et les relations familiales.

Quel serait son logiciel idéologique afin de trouver sa place entre Renaissance et le RN ?

La politique moderne semble vouée à la fuite dans les excès et les coups médiatiques, la recherche du buzz à tout prix : exaltation du culte de la personnalité, communication à outrance, provocations visuelles ou verbales, petites phrases explosives autour desquelles la machine médiatique s’emballe dans de violentes crises d’hystérie. A ce jeu-là, macronisme, lepénisme et mélenchonisme triomphent.  La droite aurait tout avantage à se positionner à contre-courant de l’air du temps et à réinvestir le champ de la raison et de l’intelligence collective. Son rôle pourrait être d’offrir une alternative au glissement de la politique française dans l’exubérance, la posture, l’idolâtrie et l’hystérie. Inverser la tendance à l’aggravation de la fracture entre la France profonde devrait être la priorité absolue de la droite républicaine. Elle doit réapprendre à parler au peuple et le respecter comme l’unique souverain. Il lui faut se réorganiser autour du seul débat d’idées sur les grands sujets de préoccupation des Français dont le déclin scolaire, en se démarquant de la dérive narcissique et hystérique de la politique nationale et de toute forme de personnalisation névrotique. Elle doit porter un message simple et clair : les politiques ne sont pas des dieux de l’Olympe mais des serviteurs de la Nation. Bien sûr la voie est étroite mais le pari sur le bon sens des Français mériterait d’être tenté.

© Maxime Tandonnet

Suivez-nous et partagez

RSS
Twitter
Visit Us
Follow Me

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*