Le projet de loi portant sur un accord de “transfèrement de condamnés” entre le régime des mollahs en Iran et le gouvernement belge a été soumis au Parlement belge et son urgence a été approuvée. Si la chose est présentée comme un échange de condamnés qui permettrait de libérer des prisonniers occidentaux du joug iranien, elle est surtout une occasion pour le guide suprême de mettre, une fois de plus, la pression sur les démocraties occidentales. Un accord que d’aucuns n’hésitent pas à qualifier de honteux, quatre ans presque jour pour jour après la tentative d’attentat à Villepinte et pour laquelle la pièce maîtresse de l’échange, Assadollah Assadi, diplomate terroriste, a été condamné à 20 ans de réclusion par la justice belge.
Quarante ans de prise d’otages
Plus de quarante-trois ans se sont écoulés depuis l’arrivée au pouvoir des mollahs en Iran. Et rien n’a changé dans la philosophie politique du régime. Surtout pas la diplomatie de la prise d’otages. L’ex-Président iranien Hassan Rohani a d’ailleurs reconnu à juste titre que la république islamique était en conflit permanent avec la communauté internationale depuis la naissance de la Révolution Islamique.
Le régime du Velayat-e-Faqih, fondé sur des croyances religieuses affirmant la primauté de la foi sur la chose politique, n’a jamais été en mesure de créer les conditions nécessaires au développement économique, social et culturel du pays. Pas plus qu’aux droits humains auxquels un peuple du 21ème siècle peut légitimement prétendre.
La prospérité économique nécessitait un climat relativement démocratique, totalement incompatible avec la dictature du Velayat-e-Faqih. Ainsi, dès sa création, le régime s’est appuyé sur le terrorisme et des politiques belligérantes à l’étranger. Il a instauré une dictature religieuse, en fondant sa survie sur la répression intérieure, ainsi que sur l’intimidation régionale et internationale.
Capture de l’ambassade des États-Unis et prise d’otages pour sortir de la crise
La prise d’otages a toujours été l’un des outils les plus importants du régime iranien pour faire avancer ses objectifs politiques. La première prise d’otages (et encore l’une des plus marquantes à ce jour) fut l’occupation de l’ambassade américaine en 1979, quelques mois à peine après le renversement du Shah, par ailleurs validé par le président Américain en fonction Jimmy Carter. Le régime iranien voulait couvrir les promesses qu’il avait faites au peuple avant la chute du Shah. Promesses qu’il n’a jamais pu tenir en raison de sa nature réactionnaire et de sa volonté farouche à isoler les forces progressistes de la société iranienne. C’est de cette façon qu’il a pu se sortir d’une crise politique alors que la République Islamique n’avait toujours pas le pouvoir.
La prise d’otages perpétuelle
Les exemples de prise d’otages par le régime iranien abondent. Des ressortissants français au Liban ont été retenus par le Hezbollah Libanais contre la libération des terroristes du régime emprisonnés en France. Les personnes ayant une double nationalité sont fréquemment prises pour cibles. Ce fut encore le cas récemment, avec l’interpellation de la chercheuse franco-iranienne Fariba Adelkhah ou du citoyen suédo-iranien Hamidreza Jalali. Le but est toujours le même ; forcer la libération d’individus dans le monde occidental. Le régime considère les otages comme un outil à utiliser au besoin afin d’atteindre ses objectifs.
Cette fois, et pour la première fois dans l’histoire, un diplomate en activité a été arrêté et emprisonné en Belgique pour avoir livré des bombes explosives aux auteurs d’un attentat terroriste déjoué. Ce diplomate, Assadollah Assadi, était le cerveau de l’attaque contre le grand rassemblement de l’opposition iranienne en 2018, dont la principale cible était le leader de l’opposition Maryam Rajavi. L’ambition de ce diplomate terroriste voulait était de créer une catastrophe et un traumatisme plus importants encore que la plaie laissée béante par l’attaque du Bataclan. Ses actions ont été validées par les plus hauts niveaux de la direction du régime. L’intégrité de l’appareil diplomatique du régime iranien est hautement suspecte et activement utilisée dans le cadre de ses efforts terroristes.
Les prises d’otages sont le résultat de la politique d’apaisement
Ces prises d’otages multiples et variées démontrent que l’outil est efficace pour la théocratie iranienne. Jamais l’Iran ne s’est trouvé condamné pour ses exactions. Jamais il n’a payé le prix de ses nombreuses prises d’otages. Pourquoi s’arrêterait-il aujourd’hui quand il lui suffit d’un échange pour récupérer ses hommes impliqués ? Car il s’agit bien des hommes de l’état. Si le pouvoir iranien n’était pour rien dans cette tentative d’attentat à Villepinte, pourquoi s’acharnerait-il à vouloir en rapatrier les protagonistes ? Menaçant sans vergogne la vie d’un scientifique irano-suédois[i] exerçant ses fonctions à l’université de Bruxelles ?
Le terrorisme d’état du régime iranien est un fait avéré et la prise d’otages n’est qu’un outil diplomatique associé lui permettant de réitérer à volonté. Du moins tant que les chancelleries occidentales cèdent face à l’odieux chantage. Comme le rappelle Maryam Radjavi, présidente élue du Conseil National de la Résistance Iranienne, en cas d’adoption du transfèrement de condamnés par le parlement belge, la politique terroriste de l’Iran en sortira grandie et renforcée, car toujours impunie par les autorités Européennes : « Si ce projet de loi est adopté, personne en Europe ne connaitra de sécurité et d’immunité contre les assassins au pouvoir en Iran. » Dont acte !
[i] Hamidreza Jalali, scientifique irano-suédois résidant en Belgique, a été condamné à mort par la république islamique pour délit d’espionnage. Il avait été interpellé en 2016 alors qu’il effectuait un voyage en Iran dans le cadre professionnel.
© Hamid Enayat
Hamid Enayat est un analyste iranien basé en Europe. Militant des droits de l’homme et opposant au régime de son pays, il écrit sur les questions iraniennes et régionales et en faveur de la laïcité et des libertés fondamentales.
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