Les mots droite et gauche ne veulent pas dire grand chose selon moi. Ces notions sont très relatives dans le temps, ainsi l’idée de nation était une idée de gauche, voire d’extrême gauche jusqu’au début du XXème siècle, avant de passer plutôt à droite. Et ce constat est valable pour beaucoup de choses (les notions de peuple, de liberté, etc.) La gauche qui a favorisé la colonisation (Jules Ferry, Gambetta) est devenue anti colonialiste) l’histoire coloniale étant défendue par la droite qui lui était plutôt défavorable au XIXème siècle. La gauche a repris à son compte le post-frontiérisme, l’argent roi, l’ultra narcissime alors qu’elle était autrefois collectiviste. On est bien d’accord: tout cela ne vaut pas dire grand chose car tout est relatif dans le temps.
Je parle de « droite » par convention, pour qualifier un courant politique qui traverse les deux derniers siècles. Dans l’Entre-deux-Guerres, ce courant s’appelait communément les « Modérés » plutôt que la Droite. Le nom du parti était « l’Alliance démocratique » dont les leaders étaient Poincaré puis Tardieu. En 1945, ce courant s’est identifié au Général de Gaulle. Il s’est recomposé entre MRP (parti de la fidélité) et les Indépendants (conservateurs). Puis après 1958, il s’est confondu avec le gaullisme et ses nuances pompidolienne puis giscardienne. Voici pour une très brève historique. Tout cela pour dire que je préférerais une autre appellation que « droite » mais c’est le terme qui s’impose aujourd’hui.
Ce courant se caractérise sur le principe, par quelques traits qui le distinguent à la fois de la gauche socialiste, écologiste et communiste et de la droite nationaliste maurrassienne: le libéralisme économique (au sens du respect de l’entreprise, de la concurrence et des équilibres financiers nationaux, la rigueur de la gestion des comptes publics), l’attachement à une Nation ouverte sur le monde et sur l’Europe (ce qui ne signifie pas forcément européisme au sens de bureaucratique), l’intransigeance sur l’autorité de l’Etat et l’ordre public (sécurité, maîtrise de l’immigration et des frontières), la priorité absolue à la préparation de l’avenir par l’excellence scolaire et le mérite, le prestige de la France dans le monde, la défense rigoureuse des libertés… Je parle ici des principes.
Voilà, ce courant est gravement malade aujourd’hui, pour avoir perdu ses repères et sa boussole. Il est victime de multiples lâchetés, renoncements, trahisons. Il est donc en perdition. Il s’est trop fourvoyé idéologiquement, écartelé entre les extrémismes, et se laissant intimider par les idéologies dominantes. Fondé sur une vision de la politique qui s’ancre dans le réalisme économique et social, il est débordé par le naufrage de la politique dans la grande esbroufe hystérique, qu’elle s’exprime sous la forme l’ivresse narcissique ou la démagogie extrémiste sous toutes ses formes au détriment du bien commun.
On n’a le droit de le haïr, de le détester, de le maudire, de le vomir. C’est presque normal. Malgré son état de grave délabrement, il reste le dernier grain de sable qui empêche la monopolisation totale de la politique française par les trois formes de démagogie hystérique: l’exaltation narcissique comme cache-sexe du chaos et de l’échec et le retour des utopies totalitaires nationalistes et marxisantes qu’on croyait éradiquées en France.
En revanche, on a le droit aussi d’essayer de résister à la propagande qui déferle, issus notamment de ces courants extrémistes qui rêvent de l’achever. L’idée que cette droite dont je parle est la seule ou principale responsable de l’élection de M. Coquerel à la présidence de la commission des finances s’est imposée comme une trainée de poudre dans tout le pays. Or, cette idée est mensongère.
Il suffit de regarder la composition de la fameuse commission au moins pour se poser la question. Elle est composée de 73 membres au total. LR en avait 8. Le RN avait 11 membres. Le parti présidentiel en avait 32. La Nupe en avait 21 et il restait en plus M. de Courson (centriste). La majorité présidentielle, fortement dominante, a refusé de prendre par au vote soi disant par un principe républicain totalement imbécile et qui n’est gravé nulle part et n’a aucune existence solide. Ponce Pilate se lavait ainsi les mains. M de Courson, ne voulait en aucun cas se salir en mêlant ses voix à celle du RN. Dans ces conditions, même au pire, en mêlant artificiellement les voix RN et LR, il était mathématiquement impossible d’éviter l’élection de M. Coquerel. Faire de ces 8 membres LR (sur 73 membres), les principaux voire seuls responsables de cette issue dramatique – comme beaucoup de personnes en sont persuadées – est mensonger.
Une confidence? Je n’ai jamais eu de carte LR et n’ai jamais foutu les pieds au siège de ce parti (ni d’aucun parti), sauf une fois pour une opération de promotion d’un livre. Je me moque du parti LR et je souhaiterais d’ailleurs qu’il se transforme complètement à commencer par son nom. Je trouve juste qu’en dehors de la poignée de félons qui l’ont abandonné pour un fromage (et d’ailleurs, certains en payent chèrement le prix, comme tous les traitres finissent mal tôt ou tard), les hommes et femmes qui continuent à défendre ce courant politique en voie de marginalisation en ce moment, malgré les trahisons, les mensonges, l’avalanche de propagande, les catastrophes électorales, la déferlante des haines extrémistes, ont au moins ce mérite. Et mon espoir, modeste il est vrai, mais espoir quand même, est que dans le chaos politique, économique, social, l’explosion de violence inévitable, c’est à eux que l’avenir donnera raison, comme ces résistants fidèle qui ne sont qu’une poignée à l’origine à ne pas céder, avant que le cours de l’histoire tourne en leur faveur.
© Maxime Tandonnet
A qui l’auteur ferait-il croire que LR ignoraient que leur vote allait porter Coquerel à la présidence de la très importante commission des finances ? Seraient-ils illettrés ? Ne savent-ils pas compter ?
Coquerel qui est un idéologue obtus à gauche de la gauche de la gauche, ancien anarchiste, ancien trotskiste tendance « Ligue Communiste Révolutionnaire »… .
Coquerel qui milite dans ces milieux depuis l’âge de 14 ans et qui, à bien y regarder, n’a jamais rien fait d’autre. Apparatchik professionnel, il n’a aucun métier, ignore ce que « travail » veut dire (et surtout « marché ») et sa scolarité fut limitée à un bac arraché de justesse et à 25 ans.
99% des électeurs et des membres LR ont horreur de ce personnage. Pourtant ce parti vient de le porter, certes indirectement mais sciemment, à la présidence de la commission des finances.
LR est moooort…. Et non du fait des « multiples lâchetés, renoncements, trahisons ». Cette terminologie chère à l’auteur est hors sujet en l’occurrence : personne ne doit fidélité à un parti politique ni à un courant idéologique ; le temps qui passe change tout et on se sépare, gens et engeances, sans qu’il y’ait ni trahison ni opprobre.
Au contraire : lorsqu’on n’est plus d’accord, aller voir ailleurs et le faire savoir est un devoir. L’intégrité et l’honnêteté ne résident pas dans l’adhésion paralytique à un passé révolu ; elles résident souvent dans le mouvement.