Maxime Tandonnet. Si ce n’est pas une crise de régime, ça lui ressemble

Odoxa Backbone Consulting pour Le Figaro: 83% des Français jugent qu’Emmanuel Macron ressort affaibli de ces élections et 76% estiment qu’il sera empêché de mettre en œuvre son programme. 70% des sondés affirment que le chef de l’État porte lui-même la responsabilité de cette situation politique.

Lors de son allocution télévisée, il est resté fidèle à cette image revendiquée de président Jupiter, balayant d’un revers de main une réalité qui se dérobe.

Lui s’en tient à ce qu’il considère comme sa légitimité issue de son élection d’avril dernier. Mais la France profonde a le sentiment de n’avoir pas eu de véritable choix à l’occasion de cette élection présidentielle ressentie comme tronquée pour mille raisons.

L’incompréhension entre le pays et l’Elysée a des racines anciennes qui remontent aux années 1990, mais elle atteint en ce moment une forme paroxystique à travers le personnage de l’actuel chef de l’Etat qui concentre dans son image tout ce que le pays ne supporte plus.

Le paradoxe est terrifiant car tout ce passe comme si le peuple venait de le réélire, avec sa personnalité désormais bien connue – dont l’arrogance est le masque d’une fragilité intérieure – dans le but inconscient de se le donner en pâture.

Le séisme était prévisible depuis bien des années : 29 mars 2017, sur « L’inévitable changement de régime: Nous sortons quoi qu’il arrive du présidentialisme. Il faut avoir la lucidité de l’admettre, même si c’est douloureux pour nos esprits intoxiqués par la personnalisation du pouvoir.

Mais pour trouver quoi?

Nous sommes face à deux possibilités:

soit l’émergence d’une majorité nette au Parlement, qui pourra permettre à un Premier ministre et à un Gouvernement, sous son contrôle, de gouverner pendant plusieurs années et de réformer le pays;

soit un délitement complet de l’Assemblée nationale, le chaos jusqu’au bout, un émiettement comparable à celui de la IVe République sur sa fin, dominé par l’impuissance et l’instabilité gouvernementale ».

Avec cinq ans de décalage, nous y sommes!

Mais la pire erreur serait de croire qu’un système mieux équilibré est en train de naître en ce moment.

La nouvelle donne, qui ne présente aucune perspective de gouvernement stable, risque de se traduire par une fuite encore aggravée dans l’hystérie et le Grand Guignol narcissique au détriment de l’action et du bien commun. La crise de régime entre un exécutif hors sol et profondément détesté par le pays et une Assemblée en miettes est réelle, profonde, dramatique, sans issue apparente aujourd’hui et annonce probablement une explosion de violence dans les mois à venir.

Maxime Tandonnet

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