Après Franprix, Picard et récemment Stokomani, Moez-Alexandre Zouari se lance dans le frais avec Grand Marché Marnière. On y trouve 300 à 400 références de fruits et légumes, mais aussi un rayon boucherie, poissonnerie, traiteur…
Maurepas (Yvelines). Il est à peine 10 heures, ce vendredi de juin, et le parking du Grand Marché Marnière regorge déjà de voitures. Il y a peu, cet ancien magasin de produits frais La Marnière a été racheté, comme deux autres dans le même département, par l’homme d’affaires Moez-Alexandre Zouari.
L’homme affiche des ambitions sans cesse diversifiées : après avoir acquis en 2019 la moitié de Picard, puis repris coup sur coup les enseignes discount Maxi Bazar et Stokomani, ce multifranchisé Casino (Franprix, Monoprix) avait dû renoncer à mettre l’enseigne à succès Grand Frais dans son escarcelle.
Qu’à cela ne tienne : allié de Xavier Niel, de Matthieu Pigasse et du groupe InVivo Retail (Jardiland, Gamm vert, etc.), ce patron que rien ne semble arrêter cornaque depuis un an le lancement d’un réseau challenger : Grand Marché Marnière, dont le magasin de Maurepas fait figure de poisson-pilote. Très vite, une centaine d’autres, dont la plupart seront adossés à des jardineries, devraient voir le jour.
À Maurepas, dès l’entrée, les cris du « chanteur », qui vend le produit star du jour, des cerises, accueillent le chaland. « 6,95 euros, c’est cadeau ! « La goûter, C’est l’adopter », s’époumone-t-il sans faiblir.
« Hier, il s’est écoulé 800 kg de cerises. Franchement, quel hypermarché ferait ça ? » questionne, ravi, Moez-Alexandre Zouari, qui refuse que l’on compare son dernier bébé à Grand Frais. Car si les deux enseignes revisitent la notion de marché, « chez nous, la star, c’est le produit et l’humain », déroule-t-il avec conviction.
Le produit ? Carottes, salades, oignons de toutes les couleurs, mais aussi rhubarbe en branche ou maïs… à perte de vue dans cet espace de 1 500 m2, les fruits et légumes, alléchants, s’offrent aux regards. « Ici, il y a de la largeur d’offre, avec 300 à 400 références selon les saisons, mais aussi de la profondeur, avec par exemple 20 variétés de tomates et 15 de fraises, ce qui permet au passage d’avoir un panel de prix variés », complète Antoine Aussour, le jeune directeur exécutif de la branche Food du Family Office Zouari, dans le groupe depuis déjà vingt ans.
Quant à l’humain… une soixantaine de salariés, soit « au moins trois fois plus » que chez ce concurrent que l’on ne nomme pas, et bien plus encore que dans la grande distribution, conseillent des clients ravis, leur indiquent l’origine de tel ou tel produit, ou coupent devant eux les pastèques. « En fait, les Français sont gourmands, ils veulent pouvoir prendre le temps, discuter, comparer, faire des achats plaisir », argumente Moez-Alexandre Zouari.
À côté de ces fruits et légumes, qui font 40 % du chiffre d’affaires, le rayon boucherie – entouré de la boulangerie, de la rôtisserie, de la poissonnerie, etc. – réalise à lui seul un autre 30 %. Le chef boucher, David, est intarissable sur cet éleveur de porc de l’Orne, qui cultive aussi des céréales et abat lui-même ses bêtes ; sur ces délicieux agneaux de l’Aveyron ou sur « ces blondes Aquitaine dont la qualité est homogène toute l’année ». Tout cela, pour quelle promesse tarifaire ? « Contrairement aux hypers, qui ont galvaudé la notion de prix, nous revendiquons des produits locaux, en circuit court, au juste prix pour les consommateurs mais aussi pour les producteurs », répond Antoine Aussour, un brin évasif.
Certes, tout n’est pas parfait. Dans le rayon épicerie, qui vient en appoint, l’idée serait notamment d’avoir davantage d’articles artisanaux. À noter enfin, juste avant les caisses, un rayon « promotions » qui permet par exemple d’avoir des cagettes d’abricots confiture à 2 euros.
Il faut attendre le passage en caisse, justement, pour la pesée : « Comme ça, les gens n’attendent qu’une seule fois et pas deux », décrypte le jeune directeur exécutif. On serait tenté d’ajouter que le client n’est par ailleurs plus en position de changer d’avis…
Le magasin vise les 20 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2022. L’ouverture d’un espace similaire en 2023 ou 2024 à Paris n’est pas exclue.
© Odile Plichon
Poster un Commentaire