Question ? Par deux fois en l’espace de quelques heures, mon fils hayal s’est vu interpellé pour lui demander de l’argent.
La première fois , une femme prétendant qu’elle avait faim s’est approchée du groupe de hayalims qui attendaient le bus pour rentrer à la maison .
La seconde fois , c’était dans mon parking. Je venais de garer ma voiture après être allée chercher mon fils à la gare.
C’est d’ailleurs à cette occasion qu’il m’a raconté pour la femme. Il était peiné de ne pas lui avoir donné davantage.
A peine sortis de la voiture, un homme surgi de nulle part lance de loin un tonitruant « Hayal , tu as 5 shekels pour manger? »
Puis il s’est approché de nous.
Immédiatement, j’ai trouvé ça curieux qu’en ma présence, il s’adresse à un hayal plutôt qu’à moi. Il a dû s’apercevoir de mon air suspicieux car il m’a dit tout en s’approchant encore, « T’inquiète pas, je suis une bonne personne. »
L’homme, une quarantaine d’années, tout à fait bien vêtu, n’avait pas l’air d’un clochard. A son accent , et lorsqu’il a été en face de nous, j’ai reconnu qu’il était arabe.
Mon fils avait déjà sorti quelques pièces de son porte-monnaie et les lui a données. Puis l’homme est parti .
Mon malaise s’est alors transformé en véritable inquiétude. Que faisait ce type dans un parking privé?
Et les deux histoires, reliées l’une avec l’autre, m’ont amenée à me poser de sérieuses questions. En 21 ans d’existence en Israël, je n’avais encore jamais vu personne demander de l’argent à des hayalim.
Ce matin, en ouvrant les yeux, j’ai songé aux derniers attentats et jugé qu’on avait été sacrément imprudents de nous être laissé approcher dans ce parking.
Et une question me taraude depuis : demander de l’argent est un moyen très simple pour approcher nos soldats sans éveiller leurs soupçons. Pendant que ces jeunes gens cherchent et sortent leur monnaie, la garde est levée et leur arme moins surveillée.
Bon voilà, j’attends que vous me disiez que je suis complètement parano. Ça me rassurera …
© Yael Bensimhoun
Diplômée de littérature française, Yael Bensimhoun s’est établie en Israël il y a près de 20 ans . C’est là qu’elle conjugue l’amour de sa langue d’origine et celui du pays auquel elle a toujours senti appartenir. Elle collabore depuis plusieurs années à des journaux et magazines franco-israéliens.
Un soldat seul « Hayal Boded » ou soldat isolé est un statut donné par l’armée à certains soldats.
Il existe trois types de soldats seuls :
- Mouvehak: soldat qui a fait sa alyah sans ses parents. Même s’il a de la famille en Israël (un oncle ou des grands-parents), il possède le statut de soldat seul puisque les parents ne sont pas présents. Afin d’être reconnu en tant que tel, l’armée va devoir vérifier avec le ministère de l’Intérieur que les parents résident bien à l’étranger. Afin d’effectuer cette vérification, les numéros de passeports des parents (et numéros d’identités israéliennes si nécessaire) sont demandés.
- Hasser Oref Michpakhti: soldat dont les parents habitent en Israël, mais il est n’est pas en contact avec eux pour diverses raisons. Généralement, il s’agit d’ancien membre de la communauté orthodoxe. De nombreuses autorisations et justifications sont nécessaires pour avoir ce statut (justificatifs de la banque et service sociaux, discussions avec les amis du soldat ou encore visite dans le lieu de résidence du soldat). Ainsi le processus pour avoir ce statut est très long.
- Ben Yordim : soldat dont les parents ont quitté le pays durant la période de son service militaire. Comme pour les soldats « Mouvehak », l’armée va vérifier auprès du ministère de l’Intérieur que les parents résident bien à l’étranger.
C’est juste et il serait peut-être nécessaire de sensibiliser nos chers hayelim qu’ils redoublent de prudence dans ce contexte, kol hakavod !