Yves Mamou. Je suis un vieux con et j’ai perdu la guerre

Mad Men © D.R

Ces évolutions de la société française qui choquent le vieux con que je suis – et quelques autres…


Je suis un vieux con. Le vieux con se définit généralement comme décalé, plus très en phase avec les évolutions de la société. L’expression « vieux con » ne met pas l’accent sur « con », mais sur « vieux ». A partir d’un certain âge, le vieux lâche prise et devient con parce qu’il ne comprend pas ou n’adhère pas aux signaux que lui envoie la société.

A ma décharge, je connais des plus jeunes qui, comme moi, sont aussi des vieux cons. Comme moi, de jeunes cons s’ébahissent de la campagne de publicité menée par Santé Publique France, établissement public placé sous la tutelle du ministère de la Santé. Sur tous les abribus et sur les murs, des affiches en couleur de personnes qui se serrent chaleureusement l’une contre l’autre proclament : « Oui ma fille est lesbienne », « Oui ma petite-fille est trans », « Oui ma coloc est lesbienne » ou « Mon père est gay », Chacune des affiches est marquée du slogan : « Face à l’intolérance, à nous de faire la différence. »

Ayant fait très tôt le choix de ne pas me soucier de ce que chacun peut bien faire dans l’intimité de son lit, le vieux con que je suis est interloqué. Pourquoi l’Etat s’acharne-t-il alors à me faire la morale ? Pourquoi cette campagne me place-t-elle en position de délinquant intolérant vis-à-vis de minorités dont le comportement sexuel m’est indifférent ? Pourquoi une succursale de l’Etat m’explique-t-elle que je ne me comporte pas correctement ? Pourquoi dois-je payer des impôts pour être morigéné dans mes trajets quotidiens ?

Male gaze

Le vieux con que je suis aime aussi regarder passer les jolies femmes. Mais depuis un an au moins, j’ai appris à être prudent. Les féministes affirment qu’un regard admiratif peut être considéré comme dégradant, attentatoire à l’intégrité corporelle des femmes équivalent à une tentative de viol. Ce que les jolies femmes d’autrefois prenaient pour un hommage, les jeunes connes d’aujourd’hui l’assimilent à une agression, un rapport de prédation qui rompt le principe d’égalité entre les sexes.

 Le vieux con que je suis se sent aussi de plus en plus décalé dans une société qui considère l’homosexualité comme une norme. Je lis ainsi dans le journal Le Monde un article qui pose une question proprement suffocante : « Comment peut-on encore être hétérosexuel ?! » Maïa Mazaurette, auteur de l’article, postule que le « vieux con » que je suis est titulaire d’une identité sexuelle factice qu’il lui serait facile de quitter s’il … était moins con.  Je suis donc invité à « sortir de l’hétérosexualité » alors qu’il ne me viendrait pas à l’idée d’expliquer à un gay, à un trans ou à toute autre lettre majeure de l’alphabet qu’il ou elle serait « plus épanoui » s’il était hétéro.

Le vieux con n’aime pas du tout non plus que la société soit gouvernée par des victimes professionnelles (racisées, LGBTQ, femmes, noirs, musulmans ….) qui réclament d’entorchonner la tête des femmes au nom de leur liberté religieuse et prônent la suprématie noire au  nom de la lutte contre la suprématie blanche.

Mais d’autres évolutions, plus significatives encore, choquent le vieux con que je suis. L’école et l’hôpital étaient, au temps de ma jeunesse, deux institutions fondatrices de la société française. Or aujourd’hui, j’apprends que les infirmières quittent l’hôpital en masse faute d’argent et de considération et que des services entiers ferment faute de médecins pour soigner les malades. J’apprends aussi que l’académie de Versailles compte recruter 1300 profs via un « job dating » de quatre jours ou n’importe qui a été invité à postuler. Une bonne présentation et une bonne élocution ont remplacé les diplômes qu’il était autrefois difficile de conquérir.  Qu’est ce que cette école transformée en garderie ?

Le choix du nouveau ministre de l’éducation, Pap Ndiaye sidère aussi le vieux con que je suis. L’éminent Pierre-André Taguieff, historien, philosophe, sociologue s’est senti lui aussi vieux con et a reconnu dans Le Figaro qu’il avait été saisi par « un sentiment de stupéfaction, voire de sidération » à l’annonce de cette nomination. Le nouveau ministre n’est pas plus crétin qu’un autre, mais il s’inscrit dans un courant de pensée dit décolonial » qui affirme que la société française doit être « décolonisée » parce qu’elle est « blanche », donc « structurellement raciste », que ses natifs bénéficient du « privilège blanc » et que cette « hégémonie blanche » va de pair avec l’ »hétéro-patriarcat » sans oublier que pour les décoloniaux, le sionisme est un racisme qui fait d’Israël un « État d’apartheid ». Les décoloniaux – et sans doute aussi Pap Ndiaye croient aussi que les musulmans souffrent de « discriminations systémiques » et sont victimes d’une islamophobie d’État.  

Les plus jeunes et moins cons que moi clament haut et fort qu’il faut « attendre » et ne pas préjuger de l’action du nouveau ministre, mais ils ne se demandent pas pourquoi un président qui a dénoncé la colonisation et institué la discrimination positive à l’orée de son premier quinquennat (emplois sans charges pour les jeunes de banlieue) choisit un tel homme-symbole pour présider aux destinées de l’Education Nationale. Moi je leur réponds : il ne s’agit pas d’assurer la pérennité du système, mais de le communautariser.

Le « vieux con » que je suis est las aussi de voir des jeunes cons comme Alizé, 22 ans, activiste écologiste, interrompre une demi-finale de Roland Garros, et s’attacher au filet d’un court de tennis pour rappeler qu’il reste trois ans pour respecter les absurdes Accords de Paris sur le climat, Accords qui ne servent qu’à appauvrir les pays riches pour enrichir les comptes bancaires des potentats des pays pauvres.  Les vieux cons ne supportent plus le pillage et la diabolisation de la civilisation occidentale par l’écologie et l’écolo-islamo-gauchisme.

En réalité, un vieux con comme moi ne souffre pas d’être devenu un vieux con, c’est-à-dire un individu qui a lâché prise et se laisse distancer par une société qui évolue naturellement, tirée par sa jeunesse et l’innovation technologique. J’aurais au contraire adoré accompagner le mouvement, expérimenter, comprendre tester des nouveautés culturelles, techniques ou sociétales. Mais ce n’est pas de cela dont il est question. Les vieux cons aujourd’hui ne perdent pas pied parce qu’ils sont vieux. Ils souffrent – comme les jeunes – de devenir étrangers dans leur pays, ils peinent face à trop d’immigration et sont malheureux qu’un communautarisme islamique mette en pièces la laïcité. Ils souffrent que la civilisation française à laquelle ils se sont assimilés au prix de tellement d’efforts et de ravissements mélangés – le vieux con que je suis est issu de la décolonisation d’un ghetto juif d’Afrique du Nord par les Français– soit dépecée, démantelée, pièce après pièce par tous ceux qui (politiques, universitaires, médias, magistrats…) devraient avoir pour métier et vocation de la défendre.
Le vieux con se sent vieux et con parce qu’il a compris trop tard qu’une guerre était menée contre lui. Il a perdu la guerre parce que ce monde qu’il croyait aussi solide que le Mont Blanc a commencé de partir en morceaux sans qu’il réagisse et qu’aujourd’hui, on ne voit pas quelle force peut enrayer le processus.

Le vieux con n’est pas seulement vieux et con, il est aussi très, très triste.

© Yves Mamou

https://www.causeur.fr/campagne-publicite-lgbt-trans-gouvernement-235161


Journaliste et essayiste, contributeur régulier du site américain The Gatestone Insitute, Yves Mamou est l’auteur de nombreux ouvrages dont Hezbollah, dernier acte (Plein jour, 2013), Le Grand Abandon. Les élites françaises et l’islamisme (L’Artilleur, 2018), Dix Petits mensonges et leurs grandes conséquences (L’Artilleur, 2021 )

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11 Comments

  1. « Les féministes affirment qu’un regard admiratif peut être considéré comme dégradant, attentatoire à l’intégrité corporelle des femmes équivalent à une tentative de viol »
    Féministe aujourd’hui rime avec triste !
    Vive les vieux cons hétéros qui d’aujourd’hui sont les héros !

  2. Bonjour Yves, que j’ai croisé l’autre soir chez l’ami Micha et Shibboleth.
    Un texte très bien écrit qui, au-delà de la forme, dit bien le désarroi des mâles blanc de plus de 50 balais (dont je suis) qui sont devenus l’une des cibles favorites d’une société à la dérive.
    Merci de l’avoir exprimé aussi justement.

    • Je pense qu’il n’y a pas d’âge pour constater que cette société est devenue merdique. Ce n’est pas tellement une question d’âge ni d’origine : il existe plein d’individus tarés ayant l’âge d’être grand pères qui sont en extase devant tout ce qui existe de plus immonde et régressif au vingt et unième siècle. Exemples Jean Michel Apathie (bête et méchant) et Laurent Joffrin (plus bête que méchant).

  3. « Je suis un vieux con » a écrit Yves Mamou.
    Heureusement, il a eu la bonne idée de mettre sa photo !
    Et la photo, comme le texte, parfait, ne correspondent pas du tout à l’idée que je me faisais d’un vieux con.
    En lisant cette lapidaire et peu flatteuse définition , se sont présentées à mon souvenir les images d’un Apathie, d’un Joffrin, d’un Verdez, d’un Berléand, vieux cons médiatiques, et aussi celles des Mélenchon, Dupond-Moretti, (liste non exhaustive de vieux cons politiques). Oui, ceux-là sont vieux et très cons aussi, cela ne fait aucun doute..
    A vous voir, sans vouloir vous flatter, Yves Mamou, vous ne paraissez pas vieux. A vous lire, vous ne paraissez pas con non plus, bien au contraire.
    Vous êtes un con pour les cons c’est tout. Et c’est vrai qu’ils sont très nombreux, les cons de la dernière averse, de plus en plus nombreux, même) et les cons des neiges d’antan (eux de moins en moins nombreux mais toujours virulents). . Mais être considéré comme quelqu’un de bien par un con n’est jamais bon signe.

  4. Ce coup de blues vient du fait que vous n’avez pas n’avez pas identifié les marionnettistes. Jetez donc un œil vers les eugénistes et plus particulièrement vers Soros Alexander.
    C’est expliqué par Y.N.Harari . »Avec le progrès, nous pourrons réorienter les jeunes garçons pour qu’ils comprennent très tôt qu’ils ne sont pas hétérosexuels. » « Nous sommes les nouveaux dieux….. » « Nous pouvons hacker les cerveaux, implémenter des nouvelles idées. »;
    Terrifiant, par contre, ils viennent de se hacker eux-mêmes. L’an 2030 ne sera pas ce qu’ils imaginaient.

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