Yael Bensimhoun. Eythan. Qui jongle entre l’hébreu et le français. Instants de vie

Eythan. 16 mois.

16 mois que mon cœur bat chaque jour plus fort pour une petite chose venue du ciel, rouge et plein d’echymoses.

Eythan qu’il s’appelle .

Fort et robuste en hébreu.

Quand un enfant nous vient au monde, parents, on trouve ça tout naturel. C’est dans l’ordre des choses. On aime ses gosses, on les élève, on espère pour eux le meilleur, et pour eux on sacrifierait évidemment sa vie.

Mais il manque je crois une dimension : celle de l’étonnement. Mon petit-fils m’a appris à me ré-étonner de tout comme lorsque j’étais enfant.

Je re-découvre la vie à travers lui , le plaisir en plus que m’accorde l’expérience.

Je souffle pour faire des bulles et Ethan court après, interloqué qu’elles disparaissent sous sa main comme elles ont apparu. Passée la surprise, il y a le doute, l’agacement puis le questionnement. Le petit bonhomme vient voir à la source ce qui s’y passe . Il trempe timidement un doigt dans le tube de savon , on ne sait jamais ce qui peut arriver dans ce monde de fous hein …

Ça mouille et mamie interrogée du regard pendant l’opération délicate n’a pas l’air affolée. Elle sourit même. C’est donc que tout va bien.

Deux doigts à présent.

Maintenant, il est temps de s’emparer de ce tube féerique et de souffler dessus puisque c’est comme ça qu’on fait apparaître les bulles …

Et puis mamie sort le ballon. C’est dingue ces grands-mères qui passent leur temps à vouloir jouer. N’ont-elles que ça à faire?

Soit. Ethan est d’accord. Mamie lance le ballon. Doucement. Trop doucement. Il tombe à ses pieds .

Le ballon est joli. En mousse et coloré avec des petites formes géométriques.

Alors Ethan les étudie et moi je me penche pour admirer ce qu’il admire.

Puis il relève la tête et me décoche un sourire à faire pâlir celui de la Joconde.

« Lance !  » que je lui dis.

Mais il ne semble pas comprendre. C’est un mot nouveau et il lui faut jongler entre l’hébreu et le français.

Pourtant mamie l’encourage : « Lance ! » dis-je encore.

Son regard croise le mien avec insistance. L’interrogation s’y lit. Mais voyons, qu’attend ma grand-mère de moi? Est-elle devenue folle ?

« Lance mon amour !  » que je répète.

Alors ses yeux se baissent et fixent le beau ballon comme à regret. Tant pis , ce qui est le plus important finalement, c’est bien de faire plaisir à mamie. Alors il pose devant lui la balle et même sans musique , se met … à danser. Et moi l’amoureuse des phrases, une larme d’amour ou de bonheur à l’œil, je re-découvre les mots…

© Yael Bensimhoun

Yael Bensimhoun

Diplômée  de littérature  française, Yael Bensimhoun s’est établie en Israël il y a près de 20 ans . C’est là qu’elle conjugue  l’amour  de sa langue d’origine et celui du pays  auquel elle a toujours senti appartenir. Elle collabore depuis plusieurs années à des journaux et magazines franco-israéliens.

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