Depuis bientôt trente ans que j’ai le privilège de vivre à Jérusalem, ville où se sont rencontrés mes grands-parents et où est née ma mère, je participe chaque année au traditionnel défilé des drapeaux du Yom Yeroushalayim, célébrant la réunification de la ville en 1967. Pourtant je n’ai jamais ressenti aussi fortement que cette année la joie particulière à cette fête, joie incomparable qu’on n’éprouve jamais aussi pleinement qu’en ce jour particulier. Impressions recueillies Yom Yeroushalayim 5782.
Cela faisait déjà plus d’une semaine que les médias israéliens annonçaient que la Journée de Jérusalem se déroulerait dans une ambiance tendue, en raison des menaces du Hamas et des autres ennemis d’Israël, qui ne voulaient pas que le drapeau Juif soit brandi dans les rues de la Ville sainte réunifiée… Avec leur mauvais esprit typique, mélange de catastrophisme et de défaitisme, ils avaient presque réussi à nous faire oublier que ce jour est avant tout un jour de fête.
Mais le peuple d’Israël est plus intelligent que ses médias et surtout, plus confiant et plus au fait des choses essentielles. La foule qui défilait aujourd’hui dans les rues de la Nouvelle ville et de la Vieille ville était nombreuse – hommes, femmes et enfants, jeunes et vieillards (comme dans la prophétie d’Ezéchiel), Juifs religieux en majorité, kippot srougot prédominantes, mais aussi quelques Juifs orthodoxes ou laïcs, tous conscients de l’importance de cet anniversaire et de la Sainteté de ce Jour à nul autre pareil.
Comme chaque année, c’était les jeunes des Yeshivot sionistes qui constituaient l’immense majorité de cette foule bigarrée et joyeuse, défilant sous des banderoles au nom de leurs écoles et entonnant en boucle des vieux refrains israéliens et des chansons modernes, toutes à la gloire de Jérusalem. “Le peuple éternel n’a pas peur d’une longue route”, reprenaient-ils en chœur et ce refrain était comme un hymne à la gloire de ce jour.
“C’est comme un rite de passage” me fit remarquer mon ami Michel Koginsky. Oui, il y avait bien de cela… Car ces jeunes sont élevés dans l’amour de Sion et de Jérusalem, de la Torah, de la terre d’Israel et du peuple Juif. Il fallait voir avec quel entrain ils reprenaient les couples des Psaumes mis en musique et sautillaient sur place, embrassant les soldats et les garde-frontières qui les observaient eux aussi avec des yeux pleins de sympathie.
En les regardant, je sentais moi aussi mon cœur se gonfler d’amour pour notre peuple, si vieux et si jeune à la fois, si endurci par les souffrances et pourtant si plein de sentiments purs et de naïveté, cette “temimout” dont nos Sages disent qu’elle est un des traits caractéristiques du peuple Juif… Je pensais aussi à la description prophétique de Jérusalem faite par Theodor Herzl, notre nouveau Moïse, (que quelques esprits chagrins ou mal informés s’obstinent encore aujourd’hui à décrire comme un Juif assimilé). Quand j’ai été au musée du Mont Herzl, il y a une semaine, pour voir le manuscrit de son roman Altneuland exposé au public, à l’occasion des 120 ans de sa parution, j’ai été un peu déçu par les quelques pages jaunies exposées dans une vitrine.
Mais le plus bel hommage que le peuple ancien et nouveau rend au « Visionnaire de l’Etat » n’est pas sur le Mont qui porte son nom : il est dans les rues et les places de notre pays ancien-nouveau, cet Altneuland qui est si différent et pourtant si proche de la description qu’il en a faite dans son roman. Qu’il est beau, ce peuple à nul autre pareil ! Qu’elles sont gracieuses ces jeunes filles des oulpanot et qu’ils sont vaillants, ces jeunes élèves de yeshivot qui regardaient avec envie leurs aînés d’à peine quelques mois, portant fièrement l’uniforme des garde-frontière! Si Yom Yeroushalayim s’est déroulé dans le calme et dans l’allégresse, c’est bien sûr grâce à la vigilance de nos policiers et de nos soldats, mais aussi à celle du “Gardien d’Israël, qui ne veille ni ne sommeille”.
Comme je l’écrivais l’an dernier, pendant les jours éprouvants de mai 2021, pour savoir à qui appartient Jérusalem, la ville que le monde entier, de Macron au Hamas – nous dispute, il suffit d’appliquer le jugement de Salomon, le “plus Sage des hommes” : qui, des deux “mères”, veut le bien de son enfant? Qui, de tous les peuples, a su réunifier la Ville sainte et en faire une capitale de paix et non de guerre ? Qui parle de Jérusalem comme ville de paix, et non comme un slogan guerrier pour inciter à la haine et à la violence ? Jérusalem appartient au peuple qui a su en faire une ville moderne, un “corps gigantesque qui vit et respire” selon les mots de notre dernier prophète, Zeev Binyamin Herzl. Oui, Jérusalem nous appartient, parce que nous seuls savons l’aimer et la faire prospérer. Yom Yeroushalayim Saméah!
© Pierre Lurçat
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Jerusalem , le vilage poussiereux qui vegetait sous le joug sterile des turcs et des jordaniens est redevenu une ville de lumiere et de vie car ses enfants sont revenus .
Ils brulent la terre qu ils n ont jamais travaillé et le peuple juif y fait couler le miel : quelle meilleur titre de propriété peut on fournir ?
Todah! Merci a Pierre pour ce texte magnifique et plein d’emotion. Oui, vous avez mille fois raison et votre approche de la relation Peuple d’Israel-Jerusalem est juste et vraie.