Le personnage du « schnorrer » est une grande figure de la littérature yiddish, immortalisée par l’écrivain Sholem Aleykhem.
C’est un mendiant assez pitoyable, un « tapeur », qui peut susciter la sympathie comme l’agacement. Et souvent les deux sentiments.
Parfois obséquieux, parfois dédaigneux qui nous laisse passer sans rien nous réclamer.
C’est un clochard céleste, que Dieu a mis sur notre chemin pour éprouver notre miséricorde.
A Jérusalem, en s’approchant du Mur, Philip Roth rencontre un schnorrer.
Il le décrit avec délice dans son roman « La Contrevie » :
« Je ne m’étais pas plus tôt coiffé d’un yarmulke ( kippa ), que, brusquement, il tourna sur moi son attention.
Shalom.
Shalom, répondis-je
Je collecte. La charité.
Oui ? La charité, pourquoi ?
Les familles pauvres.
Je fouillais dans mes poches et en sortis toute ma monnaie…A mes yeux, c’était un don suffisamment généreux étant donné le caractère nébuleux de la philanthropie qu’il prétendait représenter.
Il n’offrit cependant en retour qu’un regard à peine perceptible d’incrédulité et de mépris.
Vous n’avez pas de billets ? demanda t-il. Un ou deux dollars ?
Parce que mon intérêt scrupuleux à l’égard de ses « accréditations » me parut soudain assez comique dans ces circonstances, et aussi parce que le schnorring à l’ancienne mode est humainement parlant, beaucoup plus séduisant que la « collecte de fonds » humanitaire et respectable, je me pris à rire…
Il me tourna le dos de son vaste manteau noir et se mis à mitrailler en yiddish un vieil homme assis… »
© Daniel Sarfati
Poster un Commentaire